Site indépendant d'actualités

Le Grand Théâtre de Rabat : un joyau architectural toujours fermé, trois ans après son achèvement

0

Le Grand Théâtre de Rabat a été achevé et équipé depuis plus de trois ans, cependant son accès reste fermé au public, malgré un coût de construction d’environ 200 millions d’euros, comme l’a rapporté Le Monde.

Le quotidien français rappelle que cet édifice, érigé sur les rives du Bouregreg et d’une superficie de 25 000 mètres carrés, rivalise désormais avec la mosquée et le minaret de la Tour Hassan, devenant l’un des symboles les plus reconnaissables de Rabat. Il figure même sur les billets de banque, incarnant un symbole du « développement social et culturel » du Royaume, selon Bank Al-Maghrib.

Selon le journal, bien que la construction du plus grand théâtre d’Afrique, qui peut accueillir jusqu’à 1 800 spectateurs, ait été achevée en 2021, il reste mystérieusement fermé. À plusieurs reprises, des rumeurs ont laissé entrevoir une inauguration par le roi Mohammed VI, d’abord fin 2021, après la pandémie du COVID-19, puis en 2022 et enfin au dernier trimestre 2023, mais cela ne s’est jamais concrétisé.

L’avenir de cette infrastructure reste un mystère. Lorsque Le Monde a essayé de contacter les responsables de la ville, ils ont refusé de commenter. Selon une source, personne ne sait si le théâtre ouvrira en 2024. Un autre responsable souligne que cette question relève de la compétence du roi Mohammed VI, qui a lui-même choisi le projet de l’architecte irako-britannique Zaha Hadid pour le bâtiment, l’un de ses derniers projets avant sa mort.

Le report de l’ouverture du théâtre soulève des questions de plus en plus pressantes, d’autant plus qu’un autre grand théâtre de Casablanca, conçu par l’architecte français Christian de Portzamparc, se trouve dans une situation similaire : il est achevé mais toujours inaccessible. Le coût de ces deux bâtiments réunis représente trois fois le budget alloué au ministère de la Culture pour l’année 2024.

Cette situation alimente le débat. Un membre du conseil municipal confie amèrement : « Nous avons là deux éléphants blancs que personne n’a demandés ». Selon lui, il aurait été plus judicieux d’investir dans les structures existantes ou de développer des salles plus petites. Selon lui, le problème réside dans l’incertitude qui entoure l’utilisation future de ces infrastructures monumentales, alors que les installations actuelles « sont loin d’être pleinement exploitées ».

A l’instar des discussions qui ont accompagné le lancement du train à grande vitesse reliant Kénitra à Tanger, deux visions s’opposent : faut-il améliorer les infrastructures existantes, sachant que le Théâtre Mohammed V de Rabat et le Théâtre Mohammed VI de Casablanca n’offrent qu’une semaine de programmation par mois, ou faut-il chercher à « rivaliser avec les grandes capitales méditerranéennes », ambition affichée par le Grand Théâtre de Rabat ?

Dans son rapport, Le Monde aborde également la crise de l’emploi dans le secteur culturel marocain, en soulignant les difficultés rencontrées dans le cadre de la fermeture des deux salles. Un dramaturge marocain affirme que « même les exploitants de salles de cinéma peinent à trouver des techniciens pour les projections ».

A Casablanca, le recrutement n’a même pas encore commencé, indique une source municipale. A Rabat, le processus de sélection du directeur artistique et du directeur général n’a été lancé qu’en mars.

Malgré cela, le Grand Théâtre de Rabat reste sous les feux de la rampe. En plus d’être apparu récemment sur un billet de banque, le théâtre pourrait accueillir le tirage au sort de la Coupe du monde 2030, une proposition de la commission marocaine en charge de l’événement. Toutefois, cette cérémonie n’aura lieu qu’en 2027 ou 2028, selon la FIFA. D’ici là, les théâtres de Rabat et de Casablanca auront peut-être enfin ouvert leurs portes.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.