Par Karim Tazi:
Aujourd’hui cela fera exactement un an que le séisme a frappé la région du Haouz/Haut Atlas.
En un an il s’est passé à la fois beaucoup et pas assez de choses.
Beaucoup en termes d’élan de solidarité de la part de tous les marocains et d’aide financière de la part de l’Etat, mais peu en termes d’élaboration d’une vision pour un nouvel Haut Atlas et de reconstruction des logements détruits.
Soyons clairs, sur le terrain, la mobilisation de l’administration territoriale, du gouverneur au caïd, est totale : recensement des familles éligibles à l’aide financière, suivi des démolitions, délimitations et attributions des parcelles de terrain, coordination avec les architectes et les présidents de communes pour la délivrance des autorisations, l’autorité locale est confrontée à une tâche d’une ampleur colossale.
Pendant l’année écoulée ses agents ont travaillé sans relâche et se sont souvent retrouvés seuls face à une population parfois résignée et parfois désemparée et en colère.
Une Agence de développement du Haut Atlas regroupant tous les départements de l’Etat a bien été créée en Octobre 2023 et parmi ses missions il y avait : « la supervision des projets de reconstruction et de réhabilitation des zones touchées en tenant compte de la dimension environnementale et dans le respect total du patrimoine unique des régions concernées, et la réalisation des projets de développement social et économique dans les zones ciblées par le programme. »
Malheureusement nous sommes dans le flou quant à ce qu’il est advenu de cette agence et il est à craindre que ceci ait des conséquences sur l’efficacité de la démarche globale de reconstruction, notamment en ce qui concerne l’objectif de respect du patrimoine architectural de la région et l’élaboration d’un modèle de développement spécifique à la région.
A ce jour et sur les 50 000 logements détruits ou endommagés seuls 1000 (soit 2%) auraient obtenu leurs autorisations et leurs trois tranches de financement. Il est quasiment certain qu’au fur et à mesure que les financements et les autorisations seront débloqués, les populations pressées de retrouver un véritable logement opteront pour la solution briques+béton avec les conséquences que cela ne manquera pas d’avoir sur toute la physionomie de ces régions.
En attendant, des milliers de familles voient avec appréhension s’approcher la perspective d’un second hiver sous la tente et cette appréhension est aggravée par le fait que le versement de l’allocation mensuelle de 2500 dh par ménage est censée prendre fin ce mois.
Pour toutes ces raisons, le conseil d’administration de la Banque Alimentaire a décidé de poursuivre son aide d’urgence aux zones dans lesquelles l’association est intervenue jusqu’ici et de réserver une partie substantielle de ses ressources financières à cet effet. Pour rappel, ces zones sont les vallées d’Imlil, My Brahim et Ouneïne.
Le reste de ces ressources sera consacré à poursuivre les actions déjà initiées avec l’aide de différents partenaires institutionnels ou privés en matière de reconstruction.
Ainsi en sus des centaines de tonnes de denrées alimentaires, de vêtements, de matelas de couvertures et de tentes livrées toutes les semaines depuis un an, la Banque Alimentaire a pu financer notamment la réhabilitation et/ou la reconstruction d’un lycée avec une capacité d’accueil de 1200 enfants, six écoles dont deux déjà fonctionnelles , une dar taliba, des logements pour enseignants, cent blocs sanitaires et deux laveries.
Le 18 Septembre à l’hôtel adagio à Casablanca, la Présidente de notre association, Mme Amane Fethallah , présentera aux donateurs grands et petits et à la presse un bilan complet des réalisations de la Banque Alimentaire ainsi que les projets pour l’année prochaine. Cette rencontre sera également une occasion de prendre connaissance de formidables projets réalisés par d’autres associations de la société civile marocaine .
Nous comptons sur votre présence.
