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Crise des étudiants en médecine : sit-in violemment dispersé et bras de fer persistant avec le gouvernement

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Mercredi soir, un sit-in pacifique des étudiants en médecine a été violemment dispersé par les forces de l’ordre, entraînant des blessures et des arrestations, largement documentées et relayées sur les réseaux sociaux. Cet événement rappelle la mobilisation du 25 mai 2011, lorsque des centaines d’étudiants en blouse blanche manifestaient pour obtenir de meilleurs droits. Treize ans plus tard, les mêmes problématiques persistent, notamment l’absence de progrès dans la lutte contre les déserts médicaux, malgré une réforme visant à réduire la durée des études pour accélérer la formation de médecins.

Les étudiants poursuivent leur mouvement de protestation devant les facultés de médecine d’Oujda, Rabat et Tanger, en opposition aux réformes introduites par le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui. Un bras de fer qui dure, exacerbé par des images virales comparant les déclarations du ministre sur la capacité des amphithéâtres à accueillir tous les étudiants et la réalité de salles surpeuplées, où certains sont contraints de s’asseoir au sol. Lors d’une conférence de presse, Miraoui avait pourtant affirmé que les cours théoriques en médecine étaient « facultatifs », justifiant ainsi les conditions d’accueil.

Un arbitrage du Médiateur du Royaume a permis de résoudre la crise du côté des étudiants en pharmacie, qui ont accepté les propositions du gouvernement concernant les indemnités, les stages et la reprogrammation des examens. Toutefois, les étudiants en médecine ont rejeté massivement, à plus de 80 %, les propositions du médiateur, jugeant qu’elles n’apportaient pas de réponses claires aux enjeux qui les concernent, notamment sur la 7ᵉ année optionnelle, le cadre juridique, et la comptabilisation de cette année dans le CNPS.

Les revendications des étudiants, telles que l’annulation des sanctions disciplinaires et la dissolution des bureaux étudiants, demeurent sans réponse. La situation reste tendue au niveau national, avec des conseils disciplinaires uniformes dans les différentes facultés de médecine.

La question de la non-rétroactivité des lois, inscrite dans l’article 6 de la Constitution, est également soulevée par les étudiants, qui demandent que la réforme académique ne soit appliquée qu’aux nouveaux inscrits. Ils estiment que cette transition est nécessaire pour éviter toute injustice dans leur parcours.

Le phénomène de fuite des cerveaux reste un autre enjeu majeur pour le système médical marocain. Malgré la crise actuelle, de nombreux étudiants en médecine continuent d’envisager de poursuivre leur formation ou leur carrière à l’étranger. Une étude publiée par la revue European Journal of Public Health révèle que 70 % des étudiants en dernière année de médecine en 2021 souhaitaient quitter le Maroc. En moyenne, 700 médecins marocains partent chaque année travailler en France, souvent sous des statuts précaires.

Face à ce constat, un accord signé le 25 mars 2024 entre les autorités consulaires françaises et le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) vise à faciliter la mobilité des professionnels de santé entre le Maroc et la France, exacerbant les inquiétudes sur la fuite des talents dans le secteur médical marocain.

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