Alors que des essaims de criquets pèlerins ont été repérés dans plusieurs provinces du sud-est du Maroc, les autorités ont déclenché un plan d’intervention d’urgence. Ce phénomène, récurrent mais imprévisible, suscite des inquiétudes, d’autant plus que les conditions climatiques actuelles favorisent leur prolifération.
Une surveillance accrue dans les régions touchées
Depuis la mi-mars, des groupes de criquets pèlerins ont été signalés dans les provinces de Zagora, Tata et d’autres régions du sud-est. En réponse, le ministère de l’Intérieur a annoncé le renforcement des dispositifs de surveillance et de lutte.
« Si la situation reste sous contrôle, la vigilance est de mise pour prévenir une propagation plus large », précise un communiqué officiel. Le Maroc, bien que n’étant pas un foyer d’invasion majeur, est exposé en raison de sa proximité avec les zones acridiennes actives d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
Un dispositif d’intervention renforcé
Face à la menace, un ensemble de mesures a été mis en place :
Réactivation des centres de commandement dans les provinces exposées.
Mobilisation des brigades spécialisées en repérage et en lutte antiacridienne.
Déploiement de moyens aériens et terrestres, incluant avions et hélicoptères équipés pour la pulvérisation.
Mise en alerte des stocks de pesticides, jugés suffisants pour faire face à une éventuelle prolifération.
Les autorités assurent que ces interventions seront menées avec précaution afin de limiter leur impact sur l’environnement et la biodiversité locale.
Des agriculteurs déjà affectés
Sur le terrain, l’inquiétude grandit. À Tata, des agriculteurs rapportent des dégâts visibles sur les cultures et appellent à une intervention rapide. « Nous risquons de perdre toute la production printanière si rien n’est fait immédiatement », alerte un producteur de la région de Souss-Massa.
Les coopératives agricoles, elles, demandent des garanties pour protéger les troupeaux et les ruches avant toute pulvérisation de pesticides, afin d’éviter des effets secondaires sur la chaîne alimentaire locale.
Une alerte de la FAO dès janvier
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait tiré la sonnette d’alarme dès janvier 2025. L’agence internationale signalait alors la présence de criquets pèlerins immatures dans plusieurs zones du sud marocain, notamment dans la vallée du Draa et autour de Tata, avec des risques de reproduction localisée.
Si la FAO ne prévoit pas d’invasion de grande ampleur à court terme, elle recommande néanmoins une surveillance continue et des actions préventives pour éviter toute explosion de la population acridienne.
Un danger récurrent, accentué par le changement climatique
Le Maroc a déjà connu plusieurs vagues d’invasions de criquets pèlerins, notamment en 1954, 1988, 2004 et 2019, qui ont entraîné d’importantes pertes agricoles. Aujourd’hui, la menace est aggravée par les changements climatiques, qui créent des conditions favorables à leur multiplication.
Les experts soulignent l’importance d’inscrire la lutte contre ces invasions dans une stratégie de résilience environnementale à long terme. Si les mesures actuelles permettent de contenir la situation, la nécessité d’un suivi rigoureux et d’une adaptation aux nouvelles réalités climatiques s’impose plus que jamais.
Les semaines à venir seront déterminantes pour éviter que cet épisode acridien ne prenne une ampleur incontrôlée.