Le Maroc se classe à la 100e position sur 157 pays dans le World Citizenship Report 2025 (WCR), un rapport récemment publié par le cabinet international CS Global Partners. Avec un score de 50,5 sur 100, le Royaume se situe au cœur du classement mondial, loin derrière les pays les mieux notés comme la Suisse, le Danemark ou l’Australie, mais devant plusieurs États d’Afrique du Nord et subsahariens.
Le rapport ne se contente pas d’évaluer la force d’un passeport : il redéfinit les contours de la citoyenneté à l’ère globale, en mettant l’accent sur ce que recherchent réellement les individus les plus mobiles et les plus fortunés du monde.
Contrairement aux indices traditionnels qui mesurent uniquement la mobilité internationale, le WCR 2025 repose sur une méthodologie multidimensionnelle.
Il s’intéresse aux motivations réelles qui poussent un nombre croissant de personnes à rechercher une citoyenneté alternative, en particulier dans un monde où l’instabilité géopolitique, les inégalités économiques et les menaces climatiques reconfigurent les priorités. Cinq critères majeurs ont été retenus : la sécurité et la sûreté, la qualité de vie, les opportunités économiques, la mobilité mondiale et la liberté financière.
Ces dimensions dessinent une nouvelle carte de la citoyenneté comme vecteur de résilience personnelle et d’accès stratégique à un avenir plus stable.
Le classement révèle que les pays les mieux positionnés sont ceux qui parviennent à combiner harmonieusement sécurité, bien-être et environnement favorable à l’investissement. La Suisse arrive en tête avec un score de 85,0, suivie du Danemark et de l’Australie. À l’opposé, plusieurs pays de la région MENA, bien que riches ou puissants, peinent à offrir ce même équilibre.
Le Maroc, même s’il est distancé par des États comme les Émirats Arabes Unis, le Qatar ou encore Maurice, se place tout de même devant des pays comme la Tunisie, l’Algérie, l’Égypte ou encore l’Afrique du Sud. Ce positionnement intermédiaire reflète à la fois ses avancées dans certains domaines et ses limites persistantes en matière de qualité de vie et de mobilité internationale.
Le rapport met en évidence une évolution majeure dans la perception de la citoyenneté. Pour les personnes fortunées et hautement mobiles, la qualité de vie et la sécurité surpassent désormais la liberté financière comme critères déterminants.
La citoyenneté devient un outil stratégique, une manière de garantir une vie stable et prévisible dans un contexte mondial marqué par les incertitudes. Plus qu’un simple droit civique, elle se transforme en capital actif : un levier d’accès à des réseaux internationaux, à des juridictions protectrices, à des systèmes éducatifs performants et à des environnements politiques fiables.
Le World Citizenship Report 2025 souligne également l’ascension discrète mais significative de petits États insulaires qui, par leur flexibilité réglementaire et leur stabilité relative, deviennent des plateformes attractives pour les citoyens du monde. Des pays comme Saint-Kitts-et-Nevis, la Dominique, Maurice ou encore les Seychelles développent des politiques d’ouverture ciblée, souvent axées sur le climat et l’investissement, et attirent des individus à la recherche de sécurité et de liberté sans les contraintes des grandes puissances.
Leur modèle repose sur l’agilité, l’inclusion et la capacité à offrir un accès rapide à des avantages stratégiques que bien des États plus vastes peinent à garantir.
Dans ce paysage mondial en recomposition, la place du Maroc dans le classement WCR invite à la réflexion. S’il veut renforcer son attractivité auprès des citoyens globaux et améliorer sa compétitivité dans cette nouvelle course aux résidences stratégiques, le Royaume devra relever plusieurs défis : approfondir sa stabilité politique, améliorer la qualité de vie, simplifier les cadres fiscaux et juridiques, et accroître sa connectivité mondiale. À l’ère de la citoyenneté comme capital, il ne suffit plus d’avoir une histoire ou une position géographique avantageuse. Ce qui compte désormais, c’est la capacité à garantir un avenir.