Aïd al-Adha : Avance de la rémunération des fonctionnaires, une mesure palliative face à la modicité des salaires
Depuis le versement anticipé exceptionnel des salaires des fonctionnaires pour le mois de juin, mercredi, les lectures se sont succédées, considérant la mesure du gouvernement comme une preuve de la « faiblesse des salaires » et une indication que « l’agent public n’est pas en mesure, après des années de travail, d’épargner suffisamment de ressources financières pour couvrir les dépenses et les coûts liés à la fête de l’Aïd al-Adha ».
L’avance de la Trésorerie générale sur les salaires des fonctionnaires, bien qu’importante en cette période marquée par la hausse des prix des denrées alimentaires et des ovins à l’occasion de l’Aïd al-Adha, augure, selon ses détracteurs, du « mois le plus long que le fonctionnaire passera sans salaire », puisqu’il « devra attendre du 13 juin au 1er août ».
Le Secrétaire général de l’Organisation démocratique du travail Ali Lotfi, a qualifié la décision du gouvernement d’avancer les salaires de « reconnaissance implicite de la faiblesse et de la maigreur des salaires perçus par les fonctionnaires marocains », soulignant que « le pire est que ces fonctionnaires devront attendre près d’un mois et demi pour recevoir leur prochain salaire mensuel ».
M. Lotfi a ajouté que « le fonctionnaire vivra le mois le plus long de l’année, ce qui entraînera une augmentation de ses dettes et le plongera donc dans un cercle vicieux », rappelant que « juste après l’Aïd al-Adha, les fonctionnaires se retrouveront face à de nouvelles dépenses pendant la période estivale et la phase de préparation de la rentrée scolaire, ce qui signifie que les répercussions des salaires de misère se poursuivront sur leur vie quotidienne ».
Le responsable syndical a estimé que la mesure du gouvernement n’était qu’une « solution de replâtrage », soulignant que « l’Organisation démocratique du travail avait déjà demandé la généralisation de la prime de fête à tous les fonctionnaires du secteur public ainsi qu’aux employés du secteur privé », poursuivant que « c’est cela le vrai concept de justice sociale et d’égalité entre les fonctionnaires et les employés du secteur privé ».
Le syndicaliste a poursuivi en expliquant que « le fait d’avancer les salaires des fonctionnaires par rapport aux dates légales habituelles, en coïncidence avec les célébrations de l’Aïd al-Adha au cours desquelles les familles marocaines supportent des dépenses et des frais supplémentaires, est une preuve que le fonctionnaire attend, tout au long de sa vie professionnelle, des facilités de la part du gouvernement en raison de la pression croissante sur les salaires de misère qu’il perçoit ».
Le porte-parole a également fait remarquer que « si cette avance de salaire n’avait pas été accordée aux fonctionnaires pour acheter le sacrifice de l’Aïd et pour couvrir les dépenses qui accompagnent la célébration de cette fête religieuse, près de 80% des fonctionnaires n’auraient pas pu acheter le sacrifice dont les prix connaissent cette année des augmentations considérables ».
M. Lotfi a interprété l’attente des fonctionnaires de voir leurs salaires versés à des dates inhabituelles comme « une illustration de la réalité des salaires faibles et de misère au Maroc par rapport à la situation de vie et au pouvoir d’achat de la classe ouvrière, que ce soit dans le secteur privé ou public ».
Le responsable syndical a critiqué « l’approche discriminatoire et l’absence d’égalité » dans le traitement des fonctionnaires par le gouvernement, soulignant que « des primes importantes sont accordées aux fonctionnaires de certains secteurs gouvernementaux par rapport à d’autres, comme le secteur des finances et de la justice dont les fonctionnaires bénéficient de multiples primes contrairement aux fonctionnaires des secteurs de l’éducation, de la santé et des collectivités locales qui ne bénéficient d’aucune prime financière, bien qu’il s’agisse de secteurs qui représentent la plus grande catégorie de fonctionnaires ».
S’agissant du mouvement de protestation que vivent de nombreux secteurs gouvernementaux en relation avec l’amélioration des salaires, la même source a estimé que « le dialogue social fragmenté ne mène qu’à des solutions de replâtrage qui augmentent le niveau de ressentiment », appelant le gouvernement à « traiter sérieusement le dossier de la revalorisation et de l’amélioration des salaires des fonctionnaires au lieu d’avancer leurs salaires à chaque occasion et de les engager dans le cycle des dettes et de l’emprunt ».