Agadir secouée par une manifestation contre la dégradation des services de santé
Dimanche soir, des centaines de citoyens et d’acteurs de la société civile ont investi l’esplanade de l’hôpital régional Hassan II à Agadir pour dénoncer la détérioration des services de santé, suite à une série de décès de femmes lors d’accouchements par césarienne.
Les manifestants ont scandé des slogans virulents, tels que « Le peuple veut la fin de la corruption », « Honte, hôpital ou cimetière ? » et « Le peuple veut des hôpitaux et pas des terrains de foot », tandis que les forces de l’ordre ont rapidement encerclé le rassemblement pour éviter tout débordement.
Une surcharge et un manque de moyens criants
Selon des associations locales, le Centre Hospitalier Régional (CHR) d’Agadir est confronté à une surcharge chronique, accentuée par l’afflux de patients venus des régions voisines, une pénurie persistante de médecins et d’infirmiers, ainsi que des dysfonctionnements fréquents des équipements médicaux. Face à cette situation, de nombreux patients se tournent vers le privé, souvent au prix de dépenses importantes.
Dr Lamia Chakiri, directrice régionale de la santé et de la protection sociale dans le Souss-Massa, a exprimé ses regrets et annoncé l’ouverture d’une enquête centrale par le ministère de la Santé. Elle a précisé que le service d’urgences avait accueilli plus de 33.000 patients en six mois et réalisé 1.760 interventions chirurgicales d’urgence. La maternité, particulièrement touchée, a enregistré près de 3.000 accouchements, dont 668 par césarienne, sur la même période.
Une crise qui dépasse Agadir
La situation d’Agadir illustre une problématique nationale. Le Maroc consacre chaque année plus de 28 milliards de dirhams à la santé, mais avec moins de 8 médecins pour 10.000 habitants, loin de la moyenne mondiale de 16. Les délais d’attente et l’encombrement des hôpitaux restent une réalité quotidienne pour de nombreux citoyens.
Le passage de millions de bénéficiaires du Ramed à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) en décembre 2022, dans le cadre de la généralisation de la couverture maladie initiée par le Roi Mohammed VI, n’a pas permis d’alléger la pression sur les structures de santé. Les limites du système actuel sont particulièrement visibles dans les régions du Sud, de l’intérieur et dans les zones montagneuses.
Vers une mobilisation nationale ?
La manifestation d’Agadir s’inscrit dans une série de mobilisations observées ces dernières semaines à travers plusieurs villes marocaines. Les protestataires exigent un plan d’urgence sanitaire et dénoncent une situation qui « ternit l’image de la santé publique et aggrave la souffrance des plus vulnérables ».
Alors que la colère sociale monte, la question de la réforme du système de santé reste plus que jamais au centre du débat national, avec un accent sur l’amélioration des infrastructures, le renforcement des ressources humaines et la modernisation des services pour répondre aux besoins de l’ensemble de la population.