Un discours, un continent : la feuille de route de Mohammed VI pour l’Afrique des territoires

Jean Pierre Elong Mbassi
Secrétaire Général, CGLU Afrique.

Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique, l’organisation faîtière représentative de la communauté des collectivités territoriales du continent africain, se félicite du discours prononcé le 10 octobre 2025 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de l’ouverture de la première session de la cinquième année de la 11ème législature de la Chambre des Représentants du Maroc.

Dans ce discours Sa Majesté le Roi Mohammed VI insiste sur le diptyque « justice sociale et lutte contre les inégalités territoriales » comme la matrice devant servir de guide pour le développement durable et inclusif du Royaume du Maroc. Cette orientation stratégique est valable non seulement pour le Maroc mais également pour l’Afrique dans son ensemble.

Elle reflète la conviction également portée par les membres de CGLU Afrique que le développement est local ou n’est pas ; et que le niveau territorial est le niveau de gouvernance où se prouve et s’éprouve l’amélioration des conditions de vie des populations. Le territoire doit donc être considéré comme le niveau stratégique de transformation positive de la vie des populations dans les domaines économique, social, environnemental et culturel.

Pas de justice sociale sans justice spatiale. Cette vérité formulée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans Son discours à la Chambre des Représentants du Maroc a une portée qui va bien au-delà du Maroc, et est applicable partout en Afrique. CGLU Afrique a la ferme conviction qu’elle résume parfaitement la lettre et l’esprit de la Charte Africaine des valeurs et des principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local adoptée par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine lors de leur Sommet tenu en juin 2014 à Malabo, Guinée Équatoriale.

En énonçant des dispositifs concrets pour traduire cette orientation stratégique, et en complétant ces dispositifs par des modalités instrumentales, le discours royal a en quelque sorte tracé une feuille de route dont CGLU Afrique compte s’inspirer pour traduire dans les faits la vision adoptée par ses membres, à savoir, contribuer à la construction de l’unité de l’Afrique et à la promotion de son développement à partir de ses territoires.
Le contenu du discours royal du 10 octobre 2025 à la Chambre des Représentants est particulièrement bienvenu au moment où le Maroc s’apprête à accueillir en juin 2026 prochain à Tanger., le congrès de l’organisation mondiale des cités et gouvernements locaux (CGLU), dont CGLU Afrique est la section régionale pour l’Afrique. Le discours royal entre en parfaite résonance avec le thème du congrès mondial de CGLU en juin 2026 à Tanger :« Temps des ruptures, des transformations et des résiliences ». Ce thème met l’accent sur la manière dont les gouvernements locaux et régionaux peuvent répondre aux défis actuels dans un moment charnière de bouleversements géopolitiques, où le multilatéralisme structuré autour de l’Organisation des Nations Unies est en question.

Grâce à leur longue pratique de la coopération décentralisée, les collectivités territoriales peuvent représenter une chance pour régénérer et revigorer les relations internationales en s’appuyant sur le multilatéralisme de proximité. À travers des partenariats entre collectivités autour de la localisation des objectifs de développement durable (ODD), des échanges économiques et culturels, du traitement des grands défis de notre temps comme les changements climatiques ou la gestion des migrations entre autres, la coopération décentralisée offre une chance d’enraciner les relations internationales dans le vécu des populations et dans la durée, mais aussi de leur donner un visage plus humain.

En Afrique, le Maroc est précurseur dans cette nouvelle dynamique de promotion de la diplomatie sud-sud interafricaine des villes et territoires. Pour ce faire, le Maroc a mis en place le Fonds d’Appui à la Coopération Décentralisée (FACDI), lequel permet de relancer les relations entre collectivités marocaines et leurs homologues d’autres pays d’Afrique. Ces relations s’articulent autour de projets de coopération concrets qui aboutissent à l’amélioration des conditions et du cadre de vie des populations, tout en développant la connaissance et la compréhension mutuelles, posant ainsi les bases de l’émergence de l’Afrique des Peuples, une des aspirations essentielles de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.

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