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Soutien à la cause kabyle : le Sénat français dans le viseur d’Alger

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« Honoré d’avoir reçu le très francophile président du gouvernement provisoire kabyle, Ferhat Mehenni, au Sénat. Des échanges intéressants et une réelle amitié. Je soutiens le droit à l’autodétermination du pacifique peuple kabyle face à l’oppression du régime algérien. » Ce message, publié le 3 juin sur le réseau social X par le sénateur Stéphane Ravier (Rassemblement National), a immédiatement provoqué la colère d’Alger.

Le Conseil de la nation algérien a vivement réagi à cette rencontre. Dans un communiqué au ton acerbe signé par son président Azouz Nasri, l’institution a exprimé sa « profonde désapprobation » et dénoncé « les dérapages récurrents de certaines parties du Sénat français ». Elle accuse ces dernières d’accueillir régulièrement « des éléments d’une organisation désignée comme terroriste », en référence au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), sans considération pour les conséquences diplomatiques que ces gestes pourraient engendrer.

Une accusation d’ingérence et une défense de l’unité nationale

Poussant plus loin, le Conseil accuse certains élus français, « défenseurs de l’extrême droite » selon ses termes, de chercher à s’immiscer dans les affaires internes de l’Algérie en exploitant la question identitaire kabyle. Cette posture, récurrente dans le discours officiel algérien, vise à délégitimer toute critique du régime en l’associant systématiquement à des mouvances idéologiquement hostiles, indépendamment du contenu réel des propos tenus.

La rhétorique déployée s’inscrit dans une stratégie de disqualification : toute voix étrangère dénonçant la répression, les atteintes aux droits ou les emprisonnements politiques est cataloguée comme ennemie, quelles que soient ses intentions ou ses convictions. Cette logique nie toute possibilité de débat et transforme la scène diplomatique en une succession de dénonciations convenues.

Un avertissement voilé à Paris

Dans une déclaration teintée de menace, le Conseil de la nation affirme que « l’Algérie, forte de l’unité de son peuple et de ses institutions autour du président Abdelmadjid Tebboune », ne tolérera aucune forme d’« ingérence malveillante ou déguisée », même si elle se réclame des droits humains ou des libertés fondamentales. Le texte désigne clairement les responsables français comme les seuls comptables d’une éventuelle détérioration des relations bilatérales.

Depuis la rupture unilatérale des relations parlementaires décidée par Alger le 26 février dernier – à la suite d’une visite au Sahara marocain d’une délégation menée par Gérard Larcher –, la communication officielle algérienne s’est radicalisée. L’analyse a laissé place à la surenchère verbale, et certains médias français reprennent sans recul les éléments de langage des relais algériens, contribuant à amplifier une narration univoque et verrouillée.

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