Confronté à la vague de manifestations de la jeunesse marocaine, le gouvernement d’Aziz Akhannouch multiplie les initiatives pour tenter d’apaiser la colère. Après plusieurs jours de silence, l’exécutif a lancé une vaste campagne de communication, vantant son bilan social et promettant de nouvelles mesures d’urgence.
Ce mardi 7 octobre, Mustapha Baitas, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, s’est exprimé sur la chaîne Al Aoula dans le cadre d’une opération de reconquête de l’opinion publique. L’objectif : réaffirmer la cohésion de la majorité, rassurer et répondre aux revendications des jeunes Marocains descendus dans la rue depuis le 27 septembre.
« Il n’y a pas de désaccord au sein de la majorité, seulement des divergences de points de vue », a-t-il assuré, minimisant les tensions apparues entre les trois partis de la coalition – RNI, PAM et Istiqlal. Une déclaration qui intervient après les prises de position publiques de Nizar Baraka et de Fatima-Zahra Mansouri, laissant entrevoir quelques fissures internes au sein du bloc gouvernemental.
Le ministre a par ailleurs défendu la réactivité de l’exécutif, réfutant toute inertie face aux premières manifestations. « Nous avons examiné les revendications dès le week-end du 27 septembre et tenu une réunion dès le lundi suivant », a-t-il expliqué, tout en insistant sur la disponibilité du gouvernement à « dialoguer avec les jeunes ».
Un plan social de 14 milliards de dirhams annoncé
Dans un ton se voulant apaisant, Mustapha Baitas a annoncé le lancement imminent d’un programme de 14 milliards de dirhams, axé sur la santé, l’éducation et l’emploi. « Nous avons entendu le message », a-t-il reconnu, promettant d’accélérer la mise en œuvre des projets sociaux.
Le ministre a également mis en avant les augmentations budgétaires opérées depuis 2021 : celui de la Santé, passé de 19 à 32 milliards de dirhams, et celui de l’Éducation nationale, de 29 à 54 milliards. Toutefois, il a admis que ces efforts « n’ont pas encore produit d’effet concret » sur la vie quotidienne des citoyens, invoquant l’héritage de « problèmes accumulés depuis des années ».
Cette défense du bilan s’inscrit dans un contexte politique tendu, alors que la contestation réclame ouvertement la démission du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. À un an des élections législatives de 2026, l’exécutif espère reconquérir une opinion publique désabusée et contenir la fronde d’une génération connectée, exigeante et peu sensible aux discours institutionnels.
La rentrée parlementaire du 10 octobre, marquée par le discours du roi Mohammed VI et la présentation du projet de loi de finances 2026, sera un moment décisif pour un gouvernement sommé de prouver qu’il peut encore agir et écouter avant qu’il ne soit trop tard.