Le président français Emmanuel Macron aurait pris l’initiative de lire la lettre adressée au Roi Mohammed VI, reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara, au président algérien Abdelmadjid Tebboune avant sa publication officielle le 30 juillet 2024 par l’Élysée. Cette information a été dévoilée lundi par le journaliste et écrivain algérien Mohamed Sifaoui.
Invité sur la chaîne YouTube du journaliste Abdou Semmar, Sifaoui, également journaliste et écrivain franco-algérien, a précisé que Macron avait « joué la totale transparence » avec Tebboune avant d’officialiser la position de la France, selon laquelle « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
Lors d’une analyse de la politique étrangère de la France vis-à-vis de l’Algérie, Sifaoui n’a pas hésité à dénoncer les « malentendus et trahisons » qui ont marqué les relations entre les deux pays. Il a vivement critiqué la gestion incohérente des responsables français à l’égard de l’Algérie, citant notamment la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, une décision perçue comme une trahison par le pouvoir algérien. Cette prise de position, bien qu’elle relève de la souveraineté de la France, a été mal interprétée à Alger, a souligné Sifaoui, auteur de Histoire secrète de l’Algérie indépendante: L’État DRS.
« Emmanuel Macron a eu tort de faire confiance à Abdelmadjid Tebboune. Il a joué le jeu de la question mémorielle jusqu’au bout, en suivant la logique algérienne. Il a testé cette relation, et c’est la raison pour laquelle la position diplomatique française a évolué. À un moment donné, ils ont réalisé que le pouvoir algérien, pour ne pas dire qu’il les méprisait, était en train de se jouer d’eux », a-t-il ajouté. Sifaoui a précisé que cette situation est « toujours vexante pour celui qui fait confiance et se rend compte qu’il est manipulé ».
Interrogé par Abdou Semmar sur le moment où Emmanuel Macron aurait pris conscience de cette situation, surtout après l’invitation de Tebboune à Paris, un geste perçu comme un soutien à sa réélection, Sifaoui a répondu : « Il a fait mieux. »
« Macron a lu la lettre. Je peux vous garantir qu’il lui a lu, lors d’un entretien en tête-à-tête, la lettre qu’il allait rendre publique le 30 juillet 2024. Il a donc joué la totale transparence », a révélé Sifaoui, soulignant ainsi que l’Algérie doit comprendre que la France a le droit souverain de réévaluer ses alliances et priorités stratégiques.
