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Sahara : l’Afrique du Sud isolée face à la percée diplomatique du Maroc

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Le soutien indéfectible de l’Afrique du Sud au Front Polisario semble désormais en perte de vitesse sur la scène continentale et internationale. Pretoria, longtemps considérée comme le dernier pilier africain de la cause séparatiste, fait face à une pression croissante alors que le Maroc engrange les soutiens à son initiative d’autonomie pour le Sahara.

Dernier tournant en date : la déclaration officielle du Royaume-Uni, qui a affirmé considérer le plan marocain comme une solution « réaliste, crédible et applicable » au différend régional. Un positionnement jugé déterminant, compte tenu du poids de Londres en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et acteur clé du monde anglophone et du Commonwealth.

Selon un rapport de Jeune Afrique, cette dynamique diplomatique en faveur du Maroc, amorcée depuis 2020 avec des virages notables de grandes capitales comme Washington, Paris, Madrid ou encore Berlin, place Pretoria dans une posture inconfortable. Le débat ne porte plus sur la possibilité d’un changement, mais bien sur le moment opportun pour opérer une réorientation, à en croire certaines voix politiques sud-africaines favorables à une remise en question de l’alignement historique avec Alger.

Toute éventuelle inflexion sud-africaine reste néanmoins suspendue à une décision politique du Congrès national africain (ANC), au pouvoir, et de son président Cyril Ramaphosa. Des signes de lassitude émergent pourtant au sein des élites du pays, qui redoutent un isolement diplomatique grandissant à mesure que d’autres pays africains rejoignent la position marocaine.

Loin d’être un événement isolé, le revirement britannique s’inscrit dans une série d’initiatives confirmant un rapprochement stratégique avec Rabat. Le rejet par la justice britannique d’une plainte visant les accords commerciaux avec le Maroc, ou encore l’avancement du projet Xlinks pour l’exportation d’électricité depuis le Sahara marocain vers le Royaume-Uni, sont autant d’indicateurs d’un partenariat de plus en plus assumé, y compris dans les provinces du Sud.

Parallèlement, plusieurs États africains ont également fait évoluer leur position. Le Ghana a ainsi suspendu ses relations avec le Polisario en janvier 2025, tandis que le Kenya a officiellement soutenu l’initiative marocaine d’autonomie en mai dernier. Le Nigeria, de son côté, amorce un changement plus discret, que certains diplomates interprètent comme une reconnaissance tacite de la souveraineté marocaine, en lien avec le projet stratégique du gazoduc Nigeria-Maroc.

Cette percée marocaine s’accompagne d’un redéploiement diplomatique ciblé. Le roi Mohammed VI a récemment procédé à des nominations d’ambassadeurs dans plusieurs pays anglophones d’Afrique, notamment en Éthiopie, au Mozambique, en Zambie et au Rwanda. Une stratégie qualifiée de « réfléchie » par Jeune Afrique, visant à rééquilibrer les rapports de force au sein du bloc anglophone du continent.

Alors que le Maroc consolide ses avancées sur la scène internationale, le Front Polisario, lui, se retrouve de plus en plus marginalisé. Son influence s’étiole, même au sein des cercles traditionnellement acquis à sa cause. Une nouvelle réalité diplomatique est en train de s’imposer, redéfinissant les équilibres autour du dossier du Sahara.

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