Dans le cadre du programme Politique sous un autre angle, la Fondation Al-Faqih Tétouani a convié Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants et figure du Rassemblement National des Indépendants (RNI), à un échange ouvert avec des journalistes sur les enjeux politiques du moment. Au cœur des discussions : la controverse autour du soutien à l’importation des moutons, la dynamique au sein de la majorité gouvernementale et le rôle stratégique de la diplomatie parlementaire dans la défense des intérêts du Maroc.
Face à la flambée des prix, un pari gouvernemental assumé
Interpellé sur la récente décision de l’exécutif d’autoriser l’importation massive de moutons en amont de l’Aïd al-Adha, Talbi Alami a défendu une mesure nécessaire pour contenir l’envolée des prix. Selon lui, la diminution du cheptel national imposait une intervention rapide afin de garantir des prix accessibles aux classes moyennes et défavorisées.
Cette initiative a néanmoins suscité des critiques, notamment après les déclarations de Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, qui a pointé du doigt les marges de profit engrangées par certains importateurs. Talbi Alami a relativisé la portée de ces propos, rappelant qu’ils avaient été prononcés dans un cadre partisan et non en tant que membre du gouvernement. Il a insisté sur la transparence du processus, soulignant que le Parlement avait exercé son droit de regard en exigeant des explications des autorités compétentes. « Si des preuves de détournement existent, la justice est ouverte à tous », a-t-il tranché.
Tout en reconnaissant l’importance d’évaluer en continu les politiques publiques, il a précisé que cette intervention relevait davantage d’une gestion conjoncturelle que d’une réforme structurelle, et qu’elle ne devait pas être assimilée aux politiques publiques débattues au Parlement.
Un débat politique sous tension, mais une majorité soudée
Alors que des tensions semblent poindre au sein de la majorité gouvernementale, notamment entre le RNI et l’Istiqlal, Talbi Alami a rejeté toute idée de fracture. Il a qualifié les échanges musclés entre les composantes de la coalition de simples dynamiques inhérentes à la vie politique. « Un gouvernement est avant tout une alliance de partis aux sensibilités distinctes, mais ce qui compte, c’est la prise de décision collective après débat », a-t-il expliqué.
Les désaccords exprimés ne seraient donc pas le signe d’une fragilité de la coalition, mais plutôt d’une vitalité politique normale au sein d’un exécutif pluraliste.
Refusant toute accusation de mauvaise gestion ou de gaspillage des ressources publiques, il a défendu les arbitrages opérés par le gouvernement, soulignant qu’ils reposaient sur les données disponibles au moment de leur adoption. « Face à l’inflation des prix des moutons, nous avions deux options : rester inactifs ou intervenir. Nous avons choisi d’agir », a-t-il conclu.
La diplomatie parlementaire, un levier stratégique au service du Maroc
Au-delà des débats nationaux, Talbi Alami a mis en lumière le rôle clé de la diplomatie parlementaire dans la défense des intérêts du Maroc sur la scène internationale. Il a détaillé la méthodologie adoptée par le Parlement pour classifier les États selon leur position sur la question du Sahara marocain.
Quatre catégories ont ainsi été établies : les pays reconnaissant la souveraineté du Maroc, ceux soutenant l’initiative d’autonomie, ceux qui se rangent derrière le processus onusien, et enfin, ceux qui reconnaissent la prétendue République Sahraouie. Ce classement n’est pas anodin : il guide la stratégie diplomatique du Parlement, qui œuvre à faire évoluer les positions des États en faveur du Royaume.
Selon lui, cette approche permet de structurer les actions diplomatiques marocaines, qu’il s’agisse de rencontres bilatérales ou de participation aux instances parlementaires régionales et internationales. « Chaque initiative diplomatique est menée avec une vision claire et un objectif précis : renforcer le soutien international à notre intégrité territoriale », a-t-il affirmé.
Entre discrétion stratégique et avancées diplomatiques
Talbi Alami a également insisté sur le caractère parfois confidentiel de certaines actions diplomatiques. Certaines négociations nécessitent de la retenue et ne peuvent être exposées sur la place publique sous peine de compromettre les intérêts du Maroc. « En diplomatie, savoir quand parler et quand garder le silence est tout aussi crucial que l’action elle-même », a-t-il précisé.
Il s’est félicité des avancées enregistrées ces dernières années, soulignant que de nombreux États avaient récemment infléchi leur position en faveur du Maroc. Un succès qui, selon lui, illustre l’efficacité de la complémentarité entre la diplomatie officielle menée par le ministère des Affaires étrangères et la diplomatie parlementaire.
Un cap affirmé entre gestion nationale et rayonnement international
À travers cet échange, Rachid Talbi Alami a esquissé le portrait d’un gouvernement qui assume ses choix et d’une diplomatie parlementaire résolument tournée vers l’efficacité. Entre gestion pragmatique des crises économiques et consolidation de la position marocaine sur la scène internationale, il a réaffirmé la nécessité d’un engagement constant pour répondre aux défis du moment tout en anticipant ceux de demain.