Salaheddine Aboulghali, récemment évincé de la direction collégiale du Parti Authenticité et Modernité (PAM), fait face à une plainte pour « fraude, escroquerie et gestion abusive de fonds en violation d’un contrat antérieur ». Cette affaire, qui secoue les rangs du parti, prend désormais une tournure judiciaire.
Les tensions internes au PAM semblent s’intensifier. Ce qui n’était au départ que des allégations se transforme peu à peu en une véritable procédure légale. Abderrahim Bendaou a officiellement déposé plainte contre Salaheddine Aboulghali, membre de la direction collégiale du parti.
La plainte, déposée par Me Tayeb Mohammed Omar au nom du coordinateur régional du PAM à Casablanca-Settat, également propriétaire de la promotion immobilière Immo Pralim, a été soumise au procureur du Roi près le tribunal de première instance de Rabat. Elle demande l’ouverture d’une enquête policière et l’audition de Salaheddine Aboulghali ainsi que de son frère, Abdessamad.
Cet acte marque le début d’une « série de poursuites judiciaires » contre Aboulghali, selon plusieurs sources concordantes. D’autres plaintes similaires seraient également en préparation.
Depuis que le bureau politique du PAM a décidé, la semaine dernière, de suspendre l’adhésion d’Aboulghali à la direction collégiale, ce dernier a publié deux communiqués sur Facebook, dénonçant la « transformation d’un différend commercial non judiciaire en un outil de règlement de comptes politique ». Il a également rejeté l’existence de plaintes, comme l’avaient affirmé certains dirigeants du parti, dont Mehdi Bensaïd.
Origine du conflit Aboulghali a nié tout lien direct avec le « différend commercial » opposant la société de son frère Abdessamad à celle de son ami et parrain politique à Médiouna. Cependant, la plainte introduit de nouveaux éléments concernant le rôle présumé d’Aboulghali dans cette affaire, qui a créé un véritable choc au sein du parti.
D’après une source fiable, la plainte déposée par Me Tayeb Mohammed Omar retrace les faits depuis leur origine. En 2022, Aboulghali a accompagné Abderrahim Bendaou, propriétaire d’Immo Pralim, dans une transaction immobilière visant à céder un bien situé à Médiouna, détenu par des proches d’Aboulghali et enregistré au nom d’une société dirigée par son frère Abdessamad.
Selon cette même source, Bendaou avait accepté l’offre et s’était rendu avec les frères Aboulghali chez un notaire, Salah Eddine Chinguetti, également député PAMiste, pour signer une promesse de vente, malgré l’existence de charges et d’hypothèques sur le bien.
Cependant, en mai 2024, Bendaou a découvert que le bien avait été vendu à la société Abrar Taamir, dirigée par Brahim Moujahid, membre du PAM et acteur influent dans le secteur des travaux publics.
Bien que cette transaction soit juridiquement valide, la plainte souligne que les frères Aboulghali auraient perçu des sommes en dehors du cadre notarié pour « libérer » le bien de ses charges. « Ce qui a le plus irrité Bendaou est le fait qu’Aboulghali, son ancien protégé, ait dissimulé cette vente pendant près de deux ans, malgré leurs rencontres fréquentes », rapporte un jeune membre du PAM.
D’après le contrat de promesse de vente signé le 12 octobre 2022 chez le notaire Salah Eddine Chinguetti, Abdessamad Aboulghali, en tant que gérant unique des sociétés Indusmed A et Medindus (siégeant à la même adresse que Lux Radio, au 48 boulevard Rahal El Meskini), s’était engagé à céder à Bendaou un terrain de 65.713 m², partie d’un domaine appelé « Tiran Al Mansour », d’une superficie totale de 9 hectares, 70 ares et 53 centiares.