Alors que le mois d’octobre débute, la scène politique marocaine est en ébullition à l’approche de la rentrée politique, dans un contexte de défis socio-économiques pressants. Ces derniers exigent des réponses rapides de la part des formations politiques, tant du côté de la majorité que de l’opposition. Cependant, de nombreux observateurs s’interrogent sur la capacité des acteurs politiques à répondre aux attentes croissantes des citoyens, dans un climat marqué par des tensions internes au sein de plusieurs partis.
Des conflits qui fragilisent les partis
Les partis politiques marocains, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, semblent fragilisés par des conflits internes de plus en plus visibles. Le Parti Authenticité et Modernité (PAM), pilier de la majorité gouvernementale, fait face à une crise sans précédent après la suspension de Salah Eddine Aboulghali, une figure de premier plan. Cette décision a provoqué une onde de choc non seulement au sein du parti, mais aussi sur l’ensemble de la scène politique nationale.
De son côté, le Parti de l’Istiqlal, autre composante clé du gouvernement, n’est pas en reste. Son secrétaire général, Nizar Baraka, peine à finaliser la liste des membres du nouveau comité exécutif qui l’accompagnera dans la conduite du parti. Cette situation est source de tensions internes, particulièrement en raison de l’exclusion possible de certains cadres influents dans plusieurs régions. Les observateurs estiment que ces tensions pourraient s’intensifier avec l’annonce imminente d’un remaniement ministériel, chaque protagoniste cherchant à se positionner pour obtenir un portefeuille ministériel.
L’opposition en difficulté
L’opposition, quant à elle, est loin d’être épargnée par les divisions. Le Parti de la Justice et du Développement (PJD), longtemps dominant sur la scène politique, traverse une période délicate à l’approche de son congrès extraordinaire prévu pour l’année prochaine. Des dissensions internes opposent un courant réformateur, qui appelle à un renouvellement de la direction, et un autre groupe fidèle à l’ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane. Ce dernier, malgré son retour à la tête du parti après la défaite électorale de 2021, peine à rétablir l’unité au sein de la formation islamiste.
Des perspectives incertaines
Pour le politologue Hassan Kadim, interrogé par Belpresse, « les partis politiques marocains vivent une phase de fragilité due à leurs problèmes organisationnels ». Il pointe du doigt le Parti de l’Istiqlal, qui n’a toujours pas élu son comité exécutif plusieurs mois après son congrès d’avril. Selon lui, « ce retard est directement lié aux tractations autour du remaniement ministériel. Chaque cadre tente de se positionner pour maximiser ses chances d’obtenir un poste au gouvernement ».
Concernant le PAM, Kadim souligne que la suspension d’Aboulghali et sa contestation en justice révèlent l’ampleur des dissensions internes qui minent le parti. Ces conflits risquent d’affaiblir davantage une majorité gouvernementale déjà sous pression face aux attentes sociales croissantes.
Une opposition presque absente
Kadim se montre également critique à l’égard de l’opposition, qu’il qualifie de « quasi absente ». Selon lui, « une opposition forte devrait proposer des alternatives crédibles aux politiques en place. Or, le PJD, bien que mené par Benkirane, n’a toujours pas réussi à panser ses blessures internes après la débâcle de 2021 ». L’absence d’une opposition solide laisse un vide dans le débat politique, à un moment où la population attend des solutions concrètes aux problèmes économiques et sociaux du pays.
Ainsi, à l’aube de cette rentrée politique, les formations politiques marocaines se retrouvent engluées dans des luttes internes qui risquent de compromettre leur capacité à répondre aux défis pressants auxquels le Maroc fait face.