Loin de toute surenchère, au Maroc la Monarchie dure et perdure

Youssef Bounoual
Docteur en Droit public
Membre du Conseil National du Mouvement Populaire

J’ai lu avec beaucoup d’attention mêlée d’indignation et de ressentiment les six volets d’une série d’enquête menée par le journal « Le Monde » intitulée « L’énigme Mohammed VI » dont le premier a été publié le 24 Août 2025. Cette série est signée par Christophe Ayad et Frédéric Bobin. Deux journalistes avec deux plumes partiales qui privilégient le narratif avec une certaine légèreté et malhonnêteté intellectuelles.

Les deux journalistes ont inauguré leur pseudo-enquête par un article portant comme titre : « Au Maroc, une atmosphère de fin de règne pour Mohammed VI ».

La monarchie est maintenue au Maroc depuis plus de douze siècles, malgré la survenance d’événements exceptionnels. Elle est une institution profondément ancrée dans l’histoire et l’identité du Maroc.

Il n’y a pas si longtemps, contrairement à d’autres pays voisins de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient, les mouvements de contestations du « Printemps arabe de 2011 » n’ont pas eu d’effet destructeur sur le régime monarchique du Maroc. Sous l’initiative royale, cette zone de turbulences a accéléré le rythme des réformes juridiques, institutionnelles et politiques.

Dans son discours prononcé le 29 juillet 2025 à l’occasion du 26ème anniversaire de l’accession au trône, le Roi Mohammed VI a réitéré le renouvellement des liens d’allégeance et la consolidation de sa légitimité historique, affirmant le bienfait de la stabilité constitutionnelle et politique dont jouit le Maroc.

Le Maroc, devant tout le monde, est connu et reconnu par sa stabilité politique. « Le Monde » voit autrement et veut semer le doute quant à cette réalité qui dérange certains pays « jaloux » de la montée du Maroc comme une puissance émergente dans le continent africain et sur la scène internationale sous la vision éclairée du Roi Mohammed VI.

Dans l’épisode intitulé « Mohammed VI, une jeunesse à l’ombre de Hassan II », un portrait a été brossé où le Roi Hassan II est « autocrate égomaniaque », et le Roi Mohammed VI est « garçon timide et complexé ».

Les deux journalistes « enquêteurs » apportent des jugements déplacés sur le Maroc à travers des loupes françaises et sur son histoire que seuls les occidentaux ont l’exclusivité et le privilège de raconter ! Ayad et Bobin veulent un Maroc détaché de son environnement arabe et africain. L’Histoire du Maroc est racontée par les marocains. Elle est intrinsèquement liée à son territoire, sa culture unique et à la perspective de ses habitants.

La marche verte est un coup de génie hassanien, une manœuvre politique et stratégique audacieuse du Roi Hassan II pour affirmer la souveraineté du Maroc sur son territoire, le Sahara. Décrire cette marche verte comme un mouvement qui a « envahi » le Sahara « espagnol » est une insulte à la mémoire d’un peuple souverain convaincu de ses droits historiques sur son territoire éternel.

Depuis 1999, année de son intronisation, le Roi Mohammed VI mène un combat de réformes audacieuses et pertinentes et de progrès sous une vision axée sur la modernité de l’économie, le renforcement des droits sociaux et de citoyenneté. Un règne marqué par la réconciliation du Maroc avec son passé, les réalisations de grande envergure (Tanger Med, TGV, Projet énergétique Noor, ports de Nador et de Dakhla…), les progrès réalisés dans les droits d’hommes et dans le statut de la femme et l’ouverture stratégique sur le continent africain sous l’initiative royale atlantique.

Vingt-six ans de règne, de vision et d’engagement, le Roi Mohammed VI « ne parle pas » trop mais que vaut des paroles sans actions. Le Roi Mohammed VI est un homme de chantiers et de dossiers.

Le troisième épisode est une mise en scène avec un titre qui reflète une faible réflexion et innovation d’idées et qui laisse à réfléchir « Mohammed VI, le monarque des réformes inachevées ».

« Le Monde » a bien raté son coup en confirmant son hostilité à un pays qui combine l’action à la vision. Vingt-six ans de travail acharné où le Maroc a bien grandi. Il s’est positionné comme une locomotive et un leader régional connu et reconnu grâce à des réformes capitales qui lui ont permis de siéger parmi les pays exportateurs de modèles.

« Le Monde » décrit un pays qui n’est pas le nôtre. Notre Maroc est un pays avancé avec des réformes achevées et d’autres sont ouvertes. Le Maroc qui bouge dans tous les sens de développement et en pleine dynamique industrielle, énergétique, numérique avec une forte présence stratégique dans le continent africain.

Le Maroc est un Etat non « figé » qui a ses réalisations, ses ambitions, ses projets, ses contraintes et ses insuffisances. Un Etat en pleine vie. En un seul mot, un règne dont « les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe ».

« Mohammed VI, roi des grandes manœuvres diplomatiques » est un cliché d’un décor très mal planté.

Sous le règne du Roi Mohammed VI, la diplomatie marocaine a connu un changement profond. Un ancrage sur l’Afrique, une confirmation effective de sa souveraineté sur le Sahara et une présence mobilisatrice dans les instances et organisations internationales sont entre autre des points forts. Ces derniers ont permis au Maroc de se positionner sur la scène internationale comme un pays incontournable et un interlocuteur clé dans toute discussion se rapportant au contexte régional et continental.

Loin d’être « l’obsession » du Roi Mohammed VI, le dossier du Sahara marocain est un sujet de souveraineté sacrée. Le Sahara marocain est une cause nationale prônée par une unanimité de tous les marocains et à toutes les dimensions. Le dossier du Sahara a une seule voix et sur une seule voie, celle qui est résumée dans la phrase suivante : « Le Maroc est dans son Sahara et le Sahara est dans son Maroc ».

Le Maroc est unanime et uni pour son droit et propose depuis 2007 la solution politique d’autonomie. Une solution qui a été saluée par le Conseil de sécurité et par un nombre croissant de pays puissants. Les États-Unis, la France, l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la majorité écrasante des pays africains ont reconnu que l’autonomie sous la souveraineté marocaine reste la seule issue durable et viable. Une solution qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large et éclairée visant à renforcer les relations bilatérales avec le Maroc et son entourage, notamment en matière de coopération économique et sécuritaire.

Le journal français « Le Monde », à son cinquième épisode, a publié de nouvelles allégations visant à montrer le Maroc comme un pays gouverné par des conflits cachés et « une forme de nervosité, révélatrice des incertitudes sur la suite du règne du souverain marocain ».

Créé en 1944, « Le Monde » est vieux. Une expression qui suggère que ce journal est rempli d’histoires, d’évènements et d’expériences lui permettant d’acquérir toutes les capacités nécessaires pour exercer le journalisme.

Le cinquième épisode s’est limité à citer des interprétations, non argumentées, d’évènements isolés pour parler « des secrets de palais ». En effet, « Le Monde » nous a rappelé qu’Othmane Benjeloun a été « écarté d’un Iftar ». Le Roi est en « colère ». Une colère qui se traduit par une montée de conflits au sein des instances les plus serrées et les plus proches du cercle du Roi. C’est une analyse médiocre d’un sujet à forte tonalité politique. Othmane Benjelloun reste un homme d’affaires aux commandes de son groupe et un acteur important dans l’économie du pays.

Le journal français s’est concentré sur ce qu’il a considéré comme un signe de tension, lorsqu’il a évoqué l’absence du directeur de la Direction Générale des Etudes et de la Documentation (DGED), Yassine Mansouri, à la cérémonie de vœux du Roi Mohammed VI après les prières de l’Aïd Al-Adha, le 7 juin à Tétouan.

L’obligation de s’assurer de la véracité des informations est une condition fondamentale et non négociable pour exercer le métier de journaliste, car elle repose sur le principe de respect de la vérité, une composante clé de la déontologie journalistique.

Yassine Mansouri était bel et bien à la Mecque. Son absence est justifiée. Ayad et Bobin n’avaient qu’à demander l’information, largement disponible et facilement accessible.

Un autre nom a été cité avec beaucoup d’excès. Fouad Ali El-Himma que les deux journalistes lui ont attribué une nouvelle fonction, celle de « vice-roi ». El-Himma est le Conseiller du Roi. Une fonction qu’il assume officiellement, dont la définition s’inscrit dans un cadre institutionnel.

D’autres noms ont planté le décor de la mise en scène de « l’enquête » du journal « Le Monde ». Ils s’agissaient de Mohamed Mounir Majidi « 3M », d’André Azoulay, d’Aziz Akhannouch « l’ami du Roi » et d’Abdellatif Hammouchi et sa « dérive autoritaire ».

Visiblement ce n’est pas facile pour certains de comprendre que les décisions de l’avenir et du devenir du Maroc se discutent à Rabat et non à Paris. Le Roi s’entoure de conseillers et d’Hommes d’Etat qualifiés et fidèles. Chacun est dans son périmètre en pleine harmonie et concertation orchestrée par le Souverain.

La monarchie marocaine est une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale. Elle est un acteur indispensable pour maintenir la stabilité dans sa dimension la plus large, politique, économique, sociale, sécuritaire et religieuse.

Le dernier épisode de « l’enquête » sorti le 29 Août 2025, « s’est intéressé » à la fonction du commandeur des croyants et au rôle religieux du Roi Mohammed VI et « à la manière dont il utilise cette fonction pour consolider sa légitimité et contenir l’influence des islamistes ».

Une première lecture du dernier épisode laisse comprendre que les islamistes au Maroc sont dénigrés, écartés et torturés. Contrairement à d’autres pays, les islamistes au Maroc connaissent une bonne intégration politique et sociale, principalement avec les partis politiques qui ont su s’ancrer dans le jeu électoral. Le Maroc offre un espace large pour les islamistes ayant accepté la participation politique institutionnelle et l’engagement dans la vie publique.

Dans le système politique au Maroc, le Roi est à la même distance avec tous les intervenants politiques quel que soit leur idéologie et position. Dans un discours adressé à la Nation le 30 juillet 2016 à l’occasion de la Fête du Trône, le Roi Mohammed VI a affirmé cette position : « Je suis également le Roi de toutes les formations politiques, sans discrimination ou exclusion. Comme Je l’ai affirmé dans un précédent discours, le seul parti auquel Je suis fier d’appartenir, c’est le Maroc. »

Mot de fin…

Ma réaction au contenu de l’enquête du journal « Le Monde » n’est pas motivée par une obligation de réponse à une réflexion journalistique qui mérite débat et argumentaire. J’ai réagi en tant que citoyen patriote ayant la conviction que l’avenir sera meilleur et que mon pays sera plus prometteur où règnent et règneront stabilité, progrès économique et social, démocratie et justice.

Le Maroc est un État-nation né de l’Histoire. Un État qui s’appuie sur ses fondamentaux. Un Etat qui est en plein mouvement éclairé par la vision du Roi Mohammed VI.

Loin d’être une atmosphère de fin, c’est une Monarchie qui dure et perdure.

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