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Loi sur la grève : Sekkouri défend le projet face aux critiques syndicales

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Le projet de loi encadrant le droit de grève continue de susciter un vif débat au Maroc. Invité sur Medi1 TV, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a défendu le texte en mettant en avant la nécessité d’un équilibre entre le droit de grève et la continuité des services essentiels. Toutefois, les syndicats dénoncent un manque de concertation et des mesures jugées restrictives.

Des divergences persistantes avec les syndicats
L’un des principaux points de friction entre le gouvernement et les syndicats concerne la durée de la grève. Alors que certaines organisations syndicales militent pour une grève à durée indéterminée, le gouvernement s’y oppose en se référant à la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT), selon laquelle une grève est un arrêt temporaire du travail.

Autre sujet de discorde : la participation des étudiants aux mouvements de grève. Le ministre a rejeté cette possibilité, estimant que la grève concerne exclusivement les relations professionnelles et non le milieu académique. Il a cependant reconnu aux étudiants le droit d’exprimer leur mécontentement sous d’autres formes.

Enfin, les syndicats reprochent au gouvernement un manque de concertation dans l’élaboration du texte. Ils dénoncent un passage en force qui remettrait en cause certains acquis des travailleurs. En réponse, Younes Sekkouri affirme que le projet a été préparé en concertation avec les syndicats les plus représentatifs, notamment à travers des accords signés en 2022 et 2024.

Un texte qui se veut protecteur selon le gouvernement
Malgré les critiques, le ministre insiste sur les avancées du projet de loi, notamment en matière de protection des droits des travailleurs. Il assure que les acquis sociaux sont préservés et que des sanctions plus sévères sont prévues contre les employeurs ne respectant pas la loi. Ainsi, les amendes infligées aux employeurs en infraction seront considérablement augmentées, passant de 2 000 à 200 000 dirhams. Toutefois, certaines centrales syndicales avaient réclamé des sanctions encore plus lourdes, allant jusqu’à un million de dirhams, une demande jugée excessive par le gouvernement.

Un dialogue toujours ouvert ?
Concernant les accusations de boycott de la loi par les syndicats, le ministre nuance et affirme que toutes les organisations syndicales ont pris part aux discussions jusqu’au dernier vote en commission à la Chambre des conseillers. Selon lui, seul un syndicat a manifesté son désaccord, ce qui relève d’un choix légitime.

Il assure également que le dialogue avec les syndicats reste ouvert, notamment à travers des concertations sectorielles en cours. Pour lui, les tensions actuelles ne sont que passagères et ne remettent pas en cause l’objectif du projet de loi.

Un cadre légal attendu depuis plus d’une décennie
Le ministre a rappelé que la mise en place d’une loi encadrant le droit de grève est une obligation constitutionnelle qui aurait dû être remplie dans les cinq ans suivant l’adoption de la Constitution de 2011. Son retard s’explique par les profondes divergences entre les différentes parties prenantes.

L’un des défis majeurs reste l’instauration d’un service minimum dans certains secteurs essentiels, une mesure défendue par le gouvernement mais contestée par les syndicats. Le manque de confiance entre les acteurs sociaux complique également l’adoption d’un texte qui se veut équilibré entre les droits des travailleurs et les impératifs économiques.

Un projet de loi sous haute tension
Alors que le gouvernement cherche à faire avancer ce projet, les syndicats maintiennent la pression. L’issue du débat reste incertaine, mais une chose est sûre : cette loi marquera un tournant décisif dans l’encadrement du droit de grève au Maroc.

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