L’enjeu des élections de 2026 : entre vision royale et inerties partisanes

Dans toutes les nations, les élections démocratiques constituent un moment cardinal. Elles offrent aux peuples la possibilité de choisir librement leurs représentants, d’assurer l’alternance pacifique du pouvoir et de consolider la légitimité des institutions. Elles sont, par essence, le mécanisme qui garantit la responsabilité, la reddition des comptes et l’effectivité de la démocratie participative.

Aussi, les théories politiques s’accordent-elles à considérer l’élection comme l’un des piliers fondamentaux des régimes démocratiques — sans être leur unique composante. Le scrutin assure la représentation, stabilise la vie publique, favorise le développement et protège les droits et libertés des citoyens.
Cette vision, Sa Majesté le Roi Mohammed VI l’a constamment portée. À maintes reprises, le Souverain a exhorté les partis politiques à préserver l’intégrité du processus électoral, rappelant que le Parlement constitue « le cœur battant de la démocratie ». Il a insisté sur la nécessité de présenter des programmes clairs, de choisir des profils compétents, de respecter l’électeur et de bannir toute surenchère ou pratiques susceptibles de porter atteinte à la noblesse de l’action politique.

Le Roi défend ainsi une conception élevée de l’acte électoral, qui doit permettre d’élire des représentants dignes d’une institution considérée comme « la plus haute expression de la volonté populaire », fondement d’un État fort et juste.

Pourtant, le décalage demeure profond entre cette vision royale et les comportements de nombreux partis politiques lors des périodes électorales. Malgré les réformes engagées, malgré les appels répétés du Souverain, les mêmes pratiques semblent se perpétuer : stratégies de circonstance, logiques de positionnement, recherche du siège à tout prix. Les générations changent, les lois évoluent, les ministres défilent… mais les méthodes d’investiture et les mentalités partisanes résistent.

Cette réalité est apparue avec netteté à la suite du Conseil des ministres du 19 octobre 2025, présidé par Sa Majesté le Roi, ayant adopté de nouveaux projets de lois organiques pour moraliser la vie politique et renforcer l’intégrité du processus électoral en prévision des législatives de 2026.

Le communiqué du Cabinet royal était sans ambiguïté : l’État entend faire de ce scrutin un véritable « moment démocratique ». Les nouveaux textes prévoient l’exclusion anticipée de tout candidat ne répondant pas aux critères d’intégrité, ainsi que des sanctions plus lourdes contre les pratiques illégales — achat de voix, pressions, atteintes à la liberté de vote. L’objectif est clair : rétablir la confiance, protéger la volonté des électeurs et garantir un processus transparent de l’ouverture des candidatures jusqu’à la proclamation des résultats.

Pourtant, la réaction d’une large partie de la classe politique est demeurée timorée. Des communiqués prudents, un langage convenu, des propositions superficielles… comme si les dérives électorales étaient le fait d’acteurs extérieurs au champ politique. Ce décalage alimente une évidence : les partis sont aujourd’hui une partie du problème, et la réforme doit d’abord commencer par eux.

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, l’a rappelé devant la Commission de l’Intérieur :
« Le défi majeur des prochaines élections législatives est de jeter les bases d’une moralisation définitive de la vie politique et électorale. »
Il a souligné que cette exigence est désormais une conviction partagée, visant à préserver la réputation de l’institution parlementaire, dans un contexte où l’expérience marocaine en matière d’organisation électorale a atteint un niveau notable de maturité.

Reste une interrogation centrale :
les législatives de 2026 seront-elles à la hauteur des ambitions du Maroc post-31, telles qu’exprimées dans le discours royal relatif à la résolution onusienne 2797 consacrant la souveraineté du Maroc sur son Sahara ?

Ou ne serons-nous, une fois encore, que les témoins d’un remake des pratiques du passé ?
Si tel était le cas, le coût pourrait être élevé — pour la crédibilité démocratique du pays, pour ses institutions et pour son image à l’international.

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