L’engagement de la France à financer des projets dans le Sahara marocain suscite l’ire des médias algériens
Les déclarations du ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, lors de sa visite au Maroc la semaine dernière, ont suscité l’ire de l’Algérie. Le Maire avait en effet affirmé la volonté de la France de financer une ligne de transport d’énergie sans carbone reliant Dakhla à Casablanca.
La presse algérienne, notamment le quotidien « Echorouk », proche du pouvoir, a qualifié ces propos de « nouvelle provocation française envers l’Algérie ». Le journal y voit un « changement fondamental de la position française sur la question du Sahara occidental ».
Echorouk menace même la France d’une crise diplomatique si Paris venait à reconnaître la marocanité du Sahara. Pour le journal, « les positions exprimées par les ministres français qui ont visité Rabat ces trois derniers mois constituent un revirement notable de la position de l’administration Macron sur la question du Sahara ».
Dans un message adressé à la France, le journal souligne que « les autorités françaises ont conscience du caractère sensible de la question du Sahara pour leur homologue algérien, qui la considère comme un prolongement de la sécurité nationale du pays ». Cela, poursuit-il, « ne manquera pas de jeter une ombre sur les relations bilatérales, qui ont déjà souffert et continuent de souffrir de crises qui ont souvent empoisonné ces relations ».
D’autant plus que l’agenda de ces relations prévoit une visite du président Abdelmadjid Tebboune en France à l’automne prochain, et que des fuites font état d’une prochaine visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en Algérie.
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, avait déclaré le vendredi 26 avril dernier que la France était prête à participer au financement d’une ligne électrique d’une capacité de trois gigawatts reliant la ville marocaine de Casablanca à la ville de Dakhla dans les provinces du sud.
« Nous voulons inaugurer une nouvelle phase de coopération dans le domaine de l’énergie décarbonée », a déclaré Le Maire à l’issue d’une rencontre avec son homologue marocaine Nadia Fettah Alaoui. « Cela inclura l’hydrogène vert, l’énergie éolienne et solaire ».
Le responsable français a affirmé aux participants au forum des chefs d’entreprise marocains et français : « Vous allez produire de l’énergie à Dakhla et vous aurez besoin de la transporter à Casablanca. Il faudra donc créer un réseau de lignes électriques pour transporter cette énergie… Je vous assure que nous sommes prêts à financer cette infrastructure ».