Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a achevé, ce jeudi 24 juillet, une visite de deux jours en Italie, officiellement consacrée au renforcement de la coopération économique et énergétique entre les deux pays. En coulisses toutefois, Alger nourrissait un autre objectif : rallier Rome à sa position sur la question du Sahara marocain. Une manœuvre qui s’est soldée par un échec diplomatique retentissant, illustré par les réactions visibles — et révélatrices — de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni.
Un malaise palpable au palais Chigi
Lors de la conférence de presse conjointe au palais Chigi, Tebboune a affirmé que l’Algérie et l’Italie partageaient des « positions convergentes » sur le dossier du Sahara. Une déclaration qui a suscité un vif étonnement chez Giorgia Meloni, dont l’expression faciale — yeux écarquillés et sourire incrédule — a été largement interprétée comme un désaveu en direct. La Première ministre italienne n’a pas tardé à afficher sa désapprobation face à ce qu’elle semblait considérer comme une distorsion flagrante de la réalité diplomatique.
Rome reste alignée sur la légitimité marocaine
L’Italie, fidèle à sa position équilibrée, continue de soutenir les efforts onusiens pour une solution politique au Sahara, tout en se montrant favorable au plan d’autonomie proposé par le Maroc. Une position que Giorgia Meloni s’est bien gardée de modifier, malgré les tentatives algériennes. Dans sa déclaration publique, elle a évoqué les grands dossiers régionaux et internationaux discutés avec Tebboune : le Sahel, la Libye, la Syrie, Gaza, et le conflit en Ukraine. Le Sahara n’a, quant à lui, été mentionné à aucun moment.
Un communiqué final sous haute tension
Le contenu du communiqué final signé par les deux parties reflète ce refus italien d’entrer dans le jeu d’Alger. Si un paragraphe sur le Sahara a été inclus, toute référence à « l’autodétermination du peuple sahraoui » a été soigneusement écartée. Une formulation édulcorée, qui souligne la volonté de Rome de ne pas céder à la rhétorique du régime algérien.
Tebboune en perte de crédibilité
Face à cette fermeté, Tebboune s’est retrouvé isolé, renvoyé à la faible légitimité de son régime sur la scène internationale. En dépit des importants contrats énergétiques et d’armement signés entre l’Algérie et l’Italie — notamment dans le cadre du remplacement du gaz russe —, Alger n’a pas réussi à utiliser son levier économique pour infléchir la position italienne sur le Sahara.
L’Algérie, qui accorde pourtant à l’Italie des tarifs préférentiels sur le gaz, n’a pas pu imposer à la troisième puissance industrielle européenne un alignement diplomatique comparable à celui obtenu auprès de certains pays africains. Rome n’a pas l’intention de sacrifier ses relations stratégiques avec le Maroc et l’Union européenne sur l’autel des calculs géopolitiques d’Alger.
Un discours déconnecté de la réalité
Le revers diplomatique subi par Tebboune a été doublé d’un moment de gêne supplémentaire lors d’un discours devant des chefs d’entreprise italiens. Il y a déclaré que l’Algérie possédait « le plus grand réseau autoroutier d’Afrique » et qu’elle deviendrait bientôt « un leader continental en matière ferroviaire ». Des propos largement perçus comme exagérés, voire déconnectés, qui ont contribué à miner davantage la crédibilité de sa visite.
Conclusion : un pari raté
La visite du président algérien en Italie, censée consolider une alliance stratégique, s’est transformée en désaveu politique. L’Italie, tout en préservant ses intérêts énergétiques, a refusé de servir de relai à la propagande séparatiste algérienne. Une leçon de diplomatie qui confirme l’isolement croissant d’Alger sur la scène internationale, notamment sur le dossier du Sahara.