Le Maroc a décidé d’augmenter significativement son budget de la défense pour l’année 2025, en le portant à plus de 133 milliards de dirhams, contre 124 milliards en 2024. Cette hausse notable s’inscrit dans une stratégie visant à moderniser les Forces armées royales (FAR) et à renforcer la sécurité nationale face à un environnement géopolitique de plus en plus instable.
Une réponse à l’instabilité régionale
Le projet de loi de finances (PLF-2025), présenté par la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, consacre ce budget à l’acquisition et à l’entretien d’équipements militaires, tout en soutenant le développement de l’industrie de défense nationale. Ce choix reflète la volonté du Royaume de répondre aux menaces émergentes dans une région marquée par des tensions croissantes, notamment avec l’Algérie, qui a également augmenté son budget de la défense.
Selon Abderrahmane Mekkaoui, expert en stratégie militaire, cette augmentation vise principalement à moderniser l’arsenal des FAR, avec l’achat d’armes de haute technologie et le remplacement des équipements obsolètes. « Le Maroc se doit de renforcer ses capacités militaires, surtout dans le contexte d’une compétition régionale intense et d’un environnement sécuritaire complexe », souligne-t-il.
Vers une industrie de défense nationale
Outre l’aspect militaire, cette augmentation budgétaire s’inscrit dans le cadre du développement d’une industrie de défense locale. Le Maroc ambitionne de devenir autosuffisant en matière de production d’armes légères, de munitions, et de pièces de rechange. Le gouvernement a ainsi prévu la création de deux « zones d’accélération industrielle pour la défense », un projet stratégique pour soutenir l’économie et renforcer la souveraineté du pays en matière d’armement.
Mekkaoui rappelle que le Maroc a déjà fait des avancées notables dans ce domaine, mais aspire à développer davantage ses capacités. « Le Royaume vise à se positionner comme un acteur majeur dans l’industrie de la défense, en intégrant des technologies de pointe et en se conformant aux normes internationales », précise-t-il.
Une course à l’armement avec l’Algérie
La montée en puissance de l’armée marocaine n’est pas sans lien avec la rivalité croissante avec l’Algérie, qui consacre un budget de plus de 25 milliards de dollars à sa défense pour 2025. Cette compétition régionale pousse les deux pays à investir massivement dans l’armement, même si cela peut peser sur leurs économies respectives.
« Cette course à l’armement est inévitable dans le contexte actuel. Les FAR doivent non seulement moderniser leurs équipements, mais aussi préparer leurs forces à affronter des menaces complexes, notamment en matière de cybersécurité et d’armes de cinquième génération », estime l’expert.
Des acquisitions stratégiques pour les FAR
En termes d’équipements, le Maroc envisage d’acquérir des avions de chasse de dernière génération, des sous-marins, ainsi que des frégates multi-rôles. Le pays met également l’accent sur le développement de ses capacités navales et aériennes, avec un intérêt particulier pour les drones maritimes, dans le but de sécuriser ses côtes et de protéger son espace maritime stratégique.
Le renforcement de la défense marocaine ne se limite donc pas aux seuls investissements financiers. La formation des officiers, notamment dans les technologies de pointe, constitue également une priorité pour les années à venir. « Le Maroc veut s’assurer que ses forces armées soient alignées avec les standards des grandes puissances militaires, et ce partenariat stratégique avec l’OTAN en est la preuve », conclut Mekkaoui.
En augmentant son budget de la défense, le Royaume se positionne ainsi comme un acteur clé dans la sécurité régionale, tout en jetant les bases d’une industrie de défense autonome.