Crise diplomatique : l’Algérie met fin à la mise à disposition gratuite de biens publics à la France
L’Algérie a annoncé, jeudi 7 août, la fin de la mise à disposition gratuite de plusieurs biens immobiliers publics utilisés depuis des décennies par la France. Les autorités algériennes prévoient également de réexaminer l’ensemble des contrats de location liant l’État à des entités françaises.
Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse algérienne (APS), le ministère des Affaires étrangères a indiqué avoir convoqué le chargé d’affaires français à Alger pour lui notifier « la décision des autorités algériennes de mettre un terme à la jouissance, à titre gratuit, par l’ambassade de France en Algérie, de plusieurs biens immobiliers appartenant à l’État algérien ». Selon un rapport de l’APS publié en mars, la France dispose en Algérie de 61 propriétés à des conditions jugées très avantageuses — parfois contre un loyer purement symbolique — incluant notamment 18 hectares pour l’ambassade et 4 hectares pour la résidence de l’ambassadeur.
Réplique à la suspension de l’accord sur les visas diplomatiques
Cette décision intervient quelques heures après la suspension par Paris de l’accord de 2013 sur l’exemption de visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service. Alger a dénoncé un message du président Emmanuel Macron « qui dédouane totalement la France de ses responsabilités et rejette intégralement la faute sur la partie algérienne », affirmant qu’une telle version est « éloignée de la vérité ».
L’Algérie précise n’avoir « jamais sollicité » un tel accord, qui aurait été proposé à plusieurs reprises par la France elle-même. Sa suspension, affirme le ministère, offre à Alger « l’occasion d’en prononcer l’abrogation pure et simple ».
Les conditions posées par Paris
Cette escalade fait suite à une lettre d’Emmanuel Macron à son Premier ministre François Bayrou, révélée par Le Figaro, dans laquelle il demande d’agir « avec davantage de fermeté » à l’égard d’Alger. Le président français y évoque notamment le cas de l’écrivain Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, actuellement détenus en Algérie.
Dans ce document, M. Macron ordonne :
la suspension officielle de l’accord de 2013 sur les visas diplomatiques,
l’activation de dispositions de la loi immigration 2024 permettant de refuser des visas de court séjour aux détenteurs de passeports officiels et diplomatiques,
la réduction des visas de long séjour pour toutes catégories de demandeurs algériens.
Il conditionne également le maintien des trois consuls algériens déjà en poste et l’accueil de cinq nouveaux consuls à une reprise « satisfaisante » de la coopération consulaire et migratoire. D’autres sujets sensibles, comme les dettes hospitalières, les activités d’organismes publics algériens en France et les dossiers mémoriels non résolus, sont aussi mis sur la table.
Malgré ce durcissement de ton, Emmanuel Macron exclut, pour l’instant, de remettre en cause l’accord de 1968 sur la circulation et le séjour des Algériens en France — un texte que le président Abdelmadjid Tebboune avait qualifié en 2024 « d’accord vidé de sa substance » par les révisions successives.