Le secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Nabil Benabdallah, a répliqué vigoureusement, ce lundi, aux attaques virulentes formulées par la direction du Rassemblement National des Indépendants (RNI), en réaction à la lettre ouverte adressée par son parti au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
Choisissant cette fois-ci le cadre de l’hémicycle du Parlement, entouré de ses députés, Benabdallah a fustigé l’attitude arrogante du RNI, déclarant : « Lorsque nous, au PPS, souhaitons interpeller le gouvernement de manière plus large et soumettre notre point de vue à l’appréciation de l’opinion publique nationale, en adressant une lettre ouverte formulée dans un langage respectueux, nous sommes traités sans vergogne, avec mépris, et accusés, sur la base d’une interprétation erronée de la Constitution, d’être dans une situation d’égarement, comme si la scène politique n’existait plus. »
Et d’ajouter : « Notre seul canal de communication avec vous, mesdames et messieurs les ministres, est le Parlement. Vous prétendez vous contenter de venir au Parlement et de vous appuyer sur votre majorité pour faire passer ce que vous voulez. Il semble que vous ne reconnaissez le rôle de l’opposition que si elle se borne à applaudir et à faire des louanges à cette gouvernement, et que vous n’acceptez pas la critique responsable, surtout lorsqu’elle est formulée dans une lettre ouverte, comme en témoignent les citoyens, les acteurs politiques et les médias. Une lettre ouverte qui ne comporte aucune attaque personnelle contre quiconque, mais qui soulève uniquement des questions fondamentales. »
Benabdallah s’est insurgé contre l’affirmation selon laquelle « tout a été accompli et que le bonheur parfait règne aujourd’hui dans la société marocaine », qualifiant cette attitude de « supériorité ». « J’utiliserai un mot que nous n’avons pas employé dans la lettre, car c’est lui qui conduit aux réponses dégradantes que nous avons entendues ces deux derniers jours », a-t-il poursuivi, « c’est l’arrogance. Vous croyez que personne ne peut faire mieux que vous. »
Le leader du PPS a souligné que « l’arrogance, pour ceux qui se trouvent dans cette position, c’est lorsque l’individu qui tient ce discours se fie à ses propres paroles car il est absent de la réalité de manière tangible. Je ne parlerai pas des dizaines, des centaines ou des milliers d’élus de la majorité, et en particulier du parti qui la dirige, car ils sont au moins présents sur le terrain et vivent avec les citoyens. Je parle de ceux qui vivent dans leurs bureaux, consultent divers bureaux d’études et des experts dont le lien avec la société est inexistant. »
Selon le responsable politique, cette situation « génère une hypersensibilité à toute critique susceptible d’être adressée au gouvernement ». « Ils affirment avoir réalisé au Maroc ce qu’aucune autre gouvernement n’a pu faire en cinq ans… Dieu soit loué, Dieu soit loué, Dieu soit loué… Demandons aux Marocains leur avis sur ce bilan exceptionnel et discutons avec eux », a-t-il lancé.
Puis, il a questionné : « Le Parlement joue-t-il réellement son rôle législatif de manière pleine et entière ? Il suffit de souligner que sous le gouvernement actuel, même la moindre proposition de loi n’a pu être adoptée, et que seules des propositions très simples ont été approuvées. En d’autres termes, toutes les initiatives législatives émanant des différents groupes parlementaires, majorité et opposition confondues, n’ont pas été prises en compte par le gouvernement, comme si tout ce que proposent les composantes du Parlement, majorité et opposition confondues, n’était pas pertinent ou n’était pas à la hauteur. »
Il est à rappeler que le PPS avait adressé, mardi dernier, une lettre ouverte au chef du gouvernement, et son secrétaire général avait tenu une conférence de presse au siège central à Rabat, au cours de laquelle il avait critiqué vertement ce qu’il qualifiait de « slogan fallacieux du gouvernement sur l’État social ». Il avait également estimé que le discours du gouvernement, qui prétend avoir réussi à concrétiser les choix du peuple marocain, manquait d’humilité et d’autocritique, et « manquait d’équilibre en amplifiant des réalisations dont les gens ne perçoivent pas l’impact sur leur vie.