Un collectif d’avocats a déposé une plainte auprès de la Cour de justice de la République (CJR) visant Gérald Darmanin pour un soutien implicite à Nicolas Sarkozy, actuellement incarcéré, de « nature à compromettre l’impartialité et l’objectivité » du rôle de ministre de la Justice.
En confiant sa « tristesse » après la condamnation de M. Sarkozy et en lui rendant visite en prison, mercredi soir, M. Darmanin a « nécessairement pris position dans une entreprise dont il a un pouvoir d’administration », stipule cette plainte que l’AFP a pu consulter.
Darmanin avait indiqué le 20 octobre sur France Inter qu’il irait « voir en prison » M. Sarkozy pour s’inquiéter « de ses conditions de sécurité ». Visite effective ce mercredi. Et d’ajouter: « J’ai beaucoup de tristesse pour le président Sarkozy », « l’homme que je suis, j’ai été son collaborateur, ne peut pas être insensible à la détresse d’un homme ».
Ce collectif d’une trentaine d’avocats se dit dans sa plainte, portée par Me Jérôme Karsenti, « particulièrement indigné par les déclarations du garde des Sceaux » faisant part « publiquement de sa compassion à l’égard de M. Sarkozy en soulignant les liens personnels qu’ils entretiennent ».
En « s’exprimant publiquement quant à sa volonté de rendre visite à M. Sarkozy en détention » ainsi « qu’en lui apportant implicitement son soutien », M. Darmanin a « nécessairement pris position dans une entreprise dont il a un pouvoir d’administration ou de surveillance en tant que supérieur hiérarchique du parquet », déroulent encore les plaignants.
Juridiquement, ce collectif d’avocats porte plainte contre M. Darmanin pour « prise illégale d’intérêts », via une jurisprudence considérant que « l’intérêt » peut « être moral et plus précisément amical ».
« Il ne fait pas de doute que cet intérêt est de nature à compromettre l’impartialité et l’objectivité de M. Darmanin qui, en tant que ministre de la Justice, ne peut prendre position de cette manière dans une affaire pendante », argumentent les avocats.
Condamné le 25 septembre à cinq ans d’emprisonnement dans le dossier libyen pour association de malfaiteurs, l’ancien président de la République a depuis déposé une demande de remise en liberté, que la justice doit examiner dans les prochaines semaines, avant son procès en appel en 2026.
La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement pour les crimes et délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
AFP
 
 





