Reconnaissance de la Palestine : fractures et repositionnements politiques en France

La décision d’Emmanuel Macron de reconnaître l’État palestinien révèle les profondes divisions et recompositions au sein du paysage politique français. À droite, le Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR) se montrent alignés sur Israël, tandis que le camp présidentiel navigue entre prudence et embarras. À gauche, après des mois de débats internes, la reconnaissance obtient un soutien majoritaire, marquant un revirement notable.

Lors de l’annonce fin juillet, les réactions furent immédiates et contrastées. Marine Le Pen (RN) dénonçait la reconnaissance d’“un État Hamas, donc un État terroriste”, tandis que Laurent Wauquiez (LR) affirmait que le président français se voyait “félicité par le Hamas”. À gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) saluait une “victoire morale”, et Olivier Faure (PS) évoquait “une avancée fondamentale”.

Selon le sondeur Frédéric Dabi (Ifop), cette question réactive le clivage traditionnel gauche-droite. Pour le politologue Vincent Martigny, la décision masque temporairement les tensions à gauche, notamment les divisions apparues après le refus de LFI de qualifier de terroristes les massacres du 7 octobre. LFI a repris le flambeau de la “gauche tiers-mondiste” en solidarité avec la cause palestinienne, utilisant cette position comme levier de mobilisation auprès des jeunes et des populations urbaines sensibles à cette cause.

Le Parti socialiste, longtemps voix historique de la communauté juive française, reste prudent. Le débat interne autour de la proposition d’Olivier Faure de pavoiser les mairies de drapeaux palestiniens illustre cette sensibilité persistante.

À droite, le changement est frappant. De Gaullistes à Chirac, les partis modérés se montraient historiquement pro-arabe ; aujourd’hui, LR et RN s’alignent sur Israël, justifiant toutes ses actions au nom de son “droit à la sécurité”. Malgré un soutien affiché à la création future d’un État palestinien, la droite française critique peu les positions de Netanyahu rendant cette perspective difficilement réalisable.

Le camp présidentiel, lui, demeure divisé. Une partie de Renaissance et d’Horizons reste dubitative face à la reconnaissance, consciente de la perception négative au sein de la communauté juive française. L’embarras est accentué par les changements de position successifs d’Emmanuel Macron, entre conditions initiales au printemps et levée de celles-ci à l’été.

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