La destruction d’un drone de reconnaissance malien par l’armée algérienne a ravivé les tensions déjà vives entre Bamako et Alger. En réponse à cet acte jugé « hostile », une centaine de Maliens se sont rassemblés devant l’ambassade d’Algérie à Bamako pour dénoncer les ingérences du régime algérien et son implication supposée dans la déstabilisation du Mali.
Ce rassemblement, organisé par le mouvement de la société civile « Sentinelle debout pour le Mali », a mobilisé de nombreux jeunes dénonçant l’ »agression algérienne ». Encadrés par les forces de l’ordre, les manifestants ont scandé des slogans accusant l’Algérie d’être un « État terroriste » et une « base arrière » pour les groupes armés opérant au nord du Mali.
L’incident s’est produit fin mars, lorsqu’un drone malien a été abattu par des missiles algériens à proximité de la frontière. Le ministère algérien de la Défense a affirmé que l’appareil aurait franchi l’espace aérien algérien sur environ deux kilomètres. Le gouvernement malien, de son côté, conteste cette version : l’épave du drone aurait été retrouvée à plus de neuf kilomètres à l’intérieur du territoire malien.
Dans un communiqué officiel, Bamako indique avoir attendu 72 heures avant de s’exprimer publiquement, espérant obtenir des preuves de la part d’Alger. En l’absence de réponse satisfaisante, le gouvernement malien affirme qu’il s’agit d’une « action hostile préméditée » et dénonce « le silence coupable » des autorités algériennes.
L’Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, s’est également exprimée. Elle affirme que la destruction du drone malien a empêché la neutralisation d’un groupe terroriste, et dénonce des « actes de déstabilisation » orchestrés depuis l’Algérie.
Certaines sources médiatiques vont plus loin, avançant que l’armée algérienne escortait un convoi de terroristes à la frontière, ce qui expliquerait la destruction du drone malien qui avait pour mission de surveillance.
Face à l’escalade, le Mali, l’Algérie, le Niger et le Burkina Faso ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs, et Alger et Bamako ont fermé leur espace aérien. Cette crise diplomatique s’inscrit dans un climat de méfiance croissante envers l’Algérie, accusée à plusieurs reprises par les États du Sahel de soutenir des mouvements séparatistes et terroristes dans la région.
Ces derniers, soutenus notamment par la Russie, affirment leur refus de toute ingérence étrangère, en particulier de la part d’Alger, qu’ils accusent de manipuler les tentatives de médiation à des fins stratégiques.