Dans un contexte régional en ébullition, l’Algérie traverse une phase critique marquée par de profondes turbulences politiques et sécuritaires internes, révèle le journal français Le Monde dans un article publié mardi. Le quotidien met en lumière les difficultés persistantes au sein des services de renseignement algériens, minés par une instabilité chronique et un affaiblissement de leur efficacité face aux défis croissants.
Une direction sécuritaire instable
Au cœur du malaise, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), pilier du renseignement algérien, a vu défiler cinq directeurs en moins de cinq ans. Le dernier remaniement en date a porté le général Abdelkader Aït Ouarabi, dit « le général Hassan », à la tête de l’institution, en remplacement du général Abdelkader Haddad, alias « Nacer el Djen », limogé sans explication officielle.
Cette nomination illustre, selon Le Monde, une tendance aux « évictions opaques » qui caractérise la gestion du secteur sécuritaire algérien depuis l’accession d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence en décembre 2019.
Héritage de la purge post-Toufik
Le journal français attribue cette instabilité à l’éclatement, en 2015, de l’ancien appareil sécuritaire dirigé par le tout-puissant général Mohamed Mediène, surnommé « Toufik ». Sa mise à l’écart, suivie de luttes internes menées notamment sous le commandement de l’ex-chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, a selon Le Monde profondément désorganisé les services de renseignement.
Le retour du général Hassan, ancien proche de Toufik blanchi récemment d’une condamnation sous Gaïd Salah, est perçu comme un signe de réhabilitation des anciens cadres de l’ex-DRS et d’une recomposition en cours au sein des cercles du pouvoir sécuritaire.
Isolement régional et accusations multiples
Sur le plan régional, l’Algérie accumule les tensions. La rupture diplomatique avec le Maroc depuis 2021 a été suivie d’une escalade avec le Mali, qui a accusé Alger d’avoir abattu un drone militaire sur son territoire. Une version soutenue par le Niger et le Burkina Faso, qui accusent à leur tour l’Algérie de complicité avec des groupes qualifiés de « terroristes ».
Autre revers : la perte d’influence dans le Sahel. Les récents coups d’État dans la région ont porté au pouvoir des régimes militaires hostiles à la tutelle algérienne, et davantage tournés vers la Russie via le groupe Wagner, reléguant Alger à une position secondaire.
Climat tendu avec la France
Sur le plan international, les relations avec Paris restent tendues. Le Monde souligne que l’Algérie accuse régulièrement les services français de tentatives d’espionnage via le recrutement de sources locales, des accusations que les autorités françaises rejettent systématiquement.
Une fragilité structurelle préoccupante
En conclusion, Le Monde dresse un tableau inquiétant : entre fragilité institutionnelle, perte de repères sécuritaires et isolement diplomatique croissant, l’Algérie apparaît aujourd’hui comme un État sous pression, confronté à une accumulation de défis qui pourraient compromettre sa stabilité intérieure et son rôle régional.