La Turquie fait face à une série d’incendies d’une ampleur inédite, qui continuent de ravager plusieurs régions du pays en ce début de semaine. Quatre foyers majeurs sont toujours actifs lundi, dont un particulièrement préoccupant dans la province de Bursa, quatrième plus grande ville du pays et centre industriel stratégique situé dans le nord-ouest. Le ministre de l’Agriculture et des forêts, Ibrahim Yumakli, a confirmé la mobilisation nationale mais a reconnu les limites de l’État face à des catastrophes d’une telle intensité.
Outre Bursa, des incendies font rage dans les régions de Karabük, connue pour ses massifs forestiers et la ville touristique de Safranbolu, ainsi que dans celle de Kahramanmaras, au sud. Si cinq foyers ont pu être maîtrisés, la progression des flammes reste difficile à contenir en raison de vents violents qui compliquent les opérations au sol comme dans les airs. « S’il y a du vent, il n’y a pas d’avions », a souligné le ministre, précisant qu’il faut parfois « des jours » pour reprendre le contrôle d’un brasier.
La situation est d’autant plus critique que la Turquie subit une intense vague de chaleur. À Bursa, les températures avoisinaient les 38°C ce lundi, tandis que le pays a connu un record historique de 50,5°C vendredi dernier à Silopi, dans l’extrême sud-est. Ces conditions climatiques extrêmes, combinées à une sécheresse persistante, favorisent l’éclosion et la propagation rapide des incendies.
Le bilan humain continue de s’alourdir. Un pompier est décédé samedi soir des suites d’une crise cardiaque, et trois autres personnes ont péri dimanche dans l’accident d’un camion-citerne mobilisé pour la lutte contre le feu. Mercredi dernier, dix forestiers et volontaires ont trouvé la mort, piégés par les flammes à Eskisehir. Plus de 3.500 personnes ont dû être évacuées autour de Bursa, tandis que dix-neuf villages ont été évacués dans la région boisée de Safranbolu.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a révélé que plus de 3.000 incendies ont été enregistrés à travers le pays depuis le début de l’été. Un rapport de l’ONU publié début juillet tire la sonnette d’alarme : 88 % du territoire turc est aujourd’hui exposé à un risque élevé de désertification. Une réalité alarmante qui laisse présager une saison des incendies particulièrement longue, les autorités estimant que la menace persistera jusqu’en octobre.
