Un train supposé transporter Kim Jong Un est arrivé mardi après-midi à Pékin où le dirigeant nord-coréen doit assister mercredi à un défilé militaire géant au côté des présidents chinois et russe.
La présence de Kim Jong Un à la parade qui célébrera mercredi matin les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale s’annonce historique.
Un vidéaste de l’AFP a vu un convoi portant le drapeau nord-coréen et similaire à celui déjà employé par lui dans le passé approcher de la gare de Pékin.
M. Kim n’a pas quitté son pays reclus et soumis à de lourdes sanctions internationales depuis un déplacement en Russie en septembre 2023. Ce sera seulement sa neuvième sortie de Corée du nord depuis son accession au pouvoir fin 2011, sans compter deux brefs passages dans la zone démilitarisée à la frontière avec la Corée du Sud.
L’agence sud-coréenne Yonhap a aussi annoncé l’arrivée dans la capitale chinoise du train présumé convoyer M. Kim, au terme d’un trajet de 1.300 kilomètres et d’environ une journée. Son arrivée et son voyage sont entourés du plus grand secret, comme une grande part de ses activités.
L’agence nord-coréenne KCNA a publié des photos de Kim Jong Un fumant une cigarette sur le quai avant d’embarquer à bord du train vert olive à liseré or. Un autre cliché le montre tout sourire assis avec des collaborateurs à une table de travail devant le drapeau national dans un compartiment à boiseries.
Un sommet trilatéral en préparation ?
Kim Jong Un fait partie des 26 chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier invités à l’évènement monumental prévu autour du président Xi Jinping. Le président russe Vladimir Poutine y assistera également.
La mise en scène protocolaire est gardée secrète.
Le Renseignement sud-coréen s’attend à ce que M. Kim reçoive un « traitement exceptionnel » et à ce qu’il soit placé au côté des présidents chinois et russe, a dit un député sud-coréen à sa sortie d’un briefing avec ces services. Les spéculations vont bon train sur une rencontre ultérieure Kim-Xi-Poutine.
A elle seule, l’apparition de Kim Jong Un en public au milieu d’un certain nombre de dirigeants étrangers lors du défilé, voire de la réception qui suivra, serait inédite.
Avec cette image, la Chine frapperait un grand coup dans un contexte de rivalité exacerbée avec les Etats-Unis. Le défilé parachèvera une séquence où la Chine s’est employée à faire la démonstration de son emprise diplomatique et de sa puissance militaire.
Un signal fort face à l’Occident
La sécurité à Pékin a été considérablement renforcée en vue du défilé. Des soldats ont pris position sur les ponts et au coin des rues. Des kilomètres de barrières métalliques ont été prépositionnées le long des avenues. Les Pékinois se creusent la tête pour savoir comment ils se déplaceront mercredi en contournant les quartiers interdits à la circulation.
M. Kim s’était rendu quatre fois en Chine auparavant.
« Cette visite montre que la Corée du Nord est acceptée en tant que membre d’un groupe de nations dirigé par la Chine, qui inclut également la Russie. Elle montre que la Chine tolère – sans pour autant s’en réjouir – les relations actuelles entre la Corée du Nord et la Russie », alliée mais aussi rivale, estime Christopher Green, spécialiste de la péninsule coréenne à l’International Crisis Group.
Les trois pays ont des relations étroites remontant à la guerre froide. La Corée du Nord est devenue l’un des grands alliés de la Russie dans la guerre en Ukraine, lui envoyant des milliers de soldats et des armes.
Environ 2.000 soldats nord-coréens ont été tués dans le conflit, a affirmé le député sud-coréen Lee Seong-kweun citant un briefing aux parlementaires du Renseignement national.
De leur côté, MM. Xi et Poutine ont affiché leur entente au début d’entretiens à Pékin. Le président russe, arrivé dimanche, a évoqué des relations à un « niveau sans précédent ». Son collègue a salué une relation de « collaboration stratégique complète ».
Les deux pays sont engagés dans une épreuve de force avec l’Occident et les Etats-Unis.
AFP