Un vaste débat dans la région d’Al Haouz autour d’un contrat de 16 milliards de dirhams pour l’aménagement d’une route de seulement 16 kilomètres.
Une récente publication d’un document officiel de l’Agence de Développement de l’Atlas Grand (ADHA) a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux, après l’annonce d’un marché public portant sur les travaux d’aménagement de la route nationale n°7, s’étendant de la station kilométrique 244+093 à la station 262+553, dans la région du Haut Atlas. Le montant total du projet s’élève à près de 161 millions de dirhams, soit plus de 16 milliards de centimes, pour l’aménagement de seulement 18 kilomètres de route.
Le document, identifié par le numéro d’appel d’offres 30/2025/ADHA, a été mis en ligne sur le portail des marchés publics ainsi que sur le site officiel de l’agence, et spécifie un montant de garantie provisoire fixé à 2,4 millions de dirhams. Ce chiffre a été perçu par de nombreux observateurs comme une preuve supplémentaire de l’ampleur exceptionnelle du projet, destiné à une région encore frappée par une grande précarité, bien loin des besoins fondamentaux.
La diffusion de ce document a rapidement enflammé les esprits et suscité un tollé parmi les citoyens et les activistes de la société civile, qui ont exprimé leur consternation face à ce montant jugé exorbitant et injustifié. Ce projet arrive en effet dans un contexte particulièrement sensible, post-séisme, alors que de nombreuses communes et villages continuent de souffrir de l’absence d’accès à l’eau potable, à un logement décent, ainsi qu’à des infrastructures de santé et d’éducation adaptées.
L’indignation a été totale face à ce que certains ont qualifié de “gaspillage des deniers publics”, d’autant plus que l’agence en question a été spécialement créée pour le développement des zones sinistrées et la gestion des fonds destinés au soutien de la région du Haut Atlas après le tremblement de terre.
Des spécialistes dans le domaine des travaux publics ont vivement critiqué cette évaluation, la jugeant totalement disproportionnée. Selon eux, le coût de construction d’un kilomètre de route, même dans les zones les plus montagneuses, ne devrait pas excéder 6 millions de dirhams dans les pires scénarios, et peut même être réduit à 2 millions dans des conditions plus favorables.
Dès lors, il apparaît que l’aménagement de ces 18 kilomètres ne devrait pas dépasser un coût global de 6 milliards de centimes, soit trois fois moins que ce qui est actuellement proposé. Une telle disparité soulève des interrogations alarmantes sur la gestion des fonds publics et sur la nécessité de renforcer les mécanismes de contrôle et de responsabilité.