Les chefs de département de la Faculté des Sciences de l’Université Mohammed V de Rabat ont exprimé un refus catégorique face à la réforme pédagogique actuellement en discussion, lors d’une réunion tenue le 15 juillet 2025. Dans une lettre adressée au doyen par intérim de la faculté, ils pointent du doigt une démarche précipitée et un manque de concertation, tant sur le fond que sur la forme.
Un rejet unanime de la réforme en l’état
Au cœur des critiques figure l’introduction d’une nouvelle filière qui, selon les signataires, n’a fait l’objet ni de débats préalables ni d’une validation en assemblée générale. Ils dénoncent une entorse aux règles de gouvernance collégiale et appellent au respect des procédures internes.
Les enseignants affirment ne pas être opposés au principe même de la réforme. Toutefois, ils insistent pour qu’elle soit inscrite dans une réflexion globale, avec une approche participative, institutionnelle et construite dans des délais raisonnables. « Une réforme ne peut être discutée en une dizaine de jours », soulignent-ils, rappelant que ce type de refonte engage l’avenir des générations futures et requiert visibilité, explication, mobilisation et confiance.
Une méthode de réforme à revoir
Pour les chefs de département, une réforme réussie ne peut se faire sans une véritable feuille de route, assortie d’une vision claire des objectifs, des contraintes et des moyens à mobiliser. Ils proposent une série d’étapes indispensables :
L’établissement d’une feuille de route claire, inscrivant la réforme dans une vision globale des autres réformes en cours.
L’organisation d’une journée portes ouvertes au niveau de l’université, dédiée à la discussion sur les principes de la réforme, ses objectifs, ses contraintes et les moyens de sa mise en œuvre.
La tenue d’une rencontre au niveau de l’établissement pour fixer les orientations de la faculté et échanger sur les outils à mobiliser.
Des réunions régulières dans les départements et au niveau de la faculté pour un suivi participatif.
La restitution des résultats de la réflexion aux différentes instances de la faculté et de l’université.
L’organisation d’une journée de restitution finale à l’échelle de l’université.
Des moyens nécessaires à la réussite
Enfin, les chefs de département insistent sur le fait que toute réforme, pour être efficace, doit être accompagnée de moyens adaptés et de mesures concrètes d’accompagnement. Sans cela, préviennent-ils, les intentions risquent de rester lettre morte.
Les signataires de cette lettre représentent plusieurs disciplines clés de la faculté, allant de la chimie à la biologie, en passant par les mathématiques, la géologie et l’informatique. Ils appellent à une réforme construite collectivement, avec une vision stratégique claire et un calendrier réaliste, au service de l’enseignement supérieur public marocain.