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Recherche scientifique : Azzedine El Midaoui plaide pour une refonte du système universitaire marocain

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Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a dressé un état des lieux sans concession de la situation des universités marocaines, pointant notamment la faiblesse persistante de la recherche scientifique dans le Royaume.

S’exprimant lors d’un colloque national sur l’investissement et l’emploi, tenu à la Chambre des conseillers, le ministre a souligné que le niveau actuel de la recherche reste en deçà des attentes, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Selon lui, les universités marocaines peinent encore à remplir pleinement leur mission de formation de diplômés compétents, toutes disciplines confondues.

Deux profils face à l’investissement

Azzedine El Midaoui a distingué deux types d’emplois générés par les investissements : ceux nécessitant des compétences techniques de base, et ceux exigeant des profils hautement qualifiés, orientés vers la recherche. Or, selon lui, le système actuel peine à fournir suffisamment de cadres capables de répondre à cette dernière exigence.

Des blocages juridiques et un système d’innovation morcelé

Le ministre a également évoqué les obstacles juridiques entravant le développement des « villes de l’innovation », censées être implantées dans plusieurs régions du Maroc. À ce jour, seul le projet d’Agadir a vu le jour, les autres étant toujours à l’arrêt.

Autre constat préoccupant : l’absence d’un véritable système national de l’innovation. Selon El Midaoui, les initiatives actuelles restent dispersées et manquent d’une vision globale, alors que le Maroc dispose pourtant des ressources nécessaires. « Ce n’est pas un problème de financement », a-t-il affirmé, plaidant pour un rendement optimisé qui pourrait, à terme, absorber des montants équivalents à ceux d’un plan Marshall.

Une recherche trop théorique et sous-représentée

Actuellement, le nombre d’étudiants inscrits en doctorat ne dépasse pas les 40.000, dont 45 % sont déjà actifs dans la fonction publique ou le secteur privé. Le ministre estime qu’il faudrait porter ce chiffre entre 150.000 et 200.000 pour répondre aux besoins du pays, tout en déplorant la surreprésentation des disciplines théoriques (sciences politiques, économiques et humaines), au détriment des domaines technologiques et appliqués.

Redonner au laboratoire de recherche sa centralité

Face à ces défis, El Midaoui appelle à une refonte structurelle de la recherche scientifique et des universités. Il préconise de s’inspirer d’expériences régionales où la valorisation des enseignants-chercheurs repose sur la publication scientifique et les dépôts de brevets. Il a d’ailleurs rappelé qu’une seule initiative audacieuse a été entreprise depuis l’indépendance – sous l’impulsion d’Omar Fassi Fihri – et que celle-ci mériterait d’être renouvelée périodiquement.

Dans cette logique, le ministère œuvre actuellement à replacer le laboratoire de recherche au cœur de l’université, à l’image de certains pays où les directeurs de laboratoire jouissent d’une autorité supérieure à celle des doyens.

L’université au service de l’économie nationale

Enfin, le ministre a souligné l’importance de relier les universités à la dynamique économique régionale. Il a insisté sur la nécessité pour les entreprises marocaines de définir des stratégies claires en matière d’innovation, condition sine qua non pour tirer pleinement profit des compétences formées dans les universités. « L’enjeu n’est pas seulement de garantir un emploi aux diplômés, mais de renforcer la compétitivité des entreprises et d’attirer des investissements étrangers », a-t-il conclu.

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