À l’Université Ibn Tofail, un souffle d’audace a traversé les murs de la Faculté des Langues, des Lettres et des Arts. Là où les disciplines s’ignoraient autrefois, un dialogue inédit s’est ouvert entre deux mondes que tout semblait séparer : celui des médias et celui de la médecine. L’université marocaine a ainsi donné corps à une idée longtemps rêvée — celle d’une science qui unit plutôt qu’elle ne divise.
Dans une atmosphère à la fois studieuse et vibrante, la soutenance de la thèse de doctorat de Mohamed Yassine Mhamedi a marqué un tournant symbolique. Inscrit dans le cycle doctorale Journalisme et Médias modernes et dirigé par le professeur Mhammed Hamouche, le chercheur a présenté un travail ambitieux intitulé : « Médias numériques et gestion des crises sanitaires au Maroc : approche imagologique. » Une recherche qui dépasse le cadre universitaire pour explorer la rencontre féconde entre communication, santé publique et responsabilité sociale.
Loin d’un simple exercice académique, cette thèse s’est imposée comme une véritable aventure intellectuelle, un pont entre deux univers a priori éloignés, mais en réalité intimement liés. Car la crise du Covid-19 a bouleversé la frontière entre l’information et la santé. Les médias se sont retrouvés en première ligne, traduisant les données scientifiques, apaisant les peurs, parfois suscitant le débat. De cette expérience nationale est née une question essentielle : comment le journalisme numérique a-t-il participé à la gestion de la crise sanitaire, et quelle image a-t-il construite des acteurs de la santé dans l’espace public marocain ?
La soutenance, tenue à la Faculté des Langues, des Lettres et des Arts, a été à l’image du sujet : ouverte, vivante, traversée par des regards croisés. Autour de la table, des professeurs et experts venus d’horizons variés : Hicham Ben Lhachmi, Hicham Belmaati, Moulay Idriss El Ouedghiri, Houria Kelkoul, Noura Mostaghfir, Fatima-Zahra Ajrich, ainsi que les docteurs Mohamed Anouar Belkbir et Mouad Mrabet, figure reconnue dans la gestion des crises sanitaires. Cette diversité a donné au débat une richesse rare, où l’analyse médiatique s’est nourrie de la rigueur médicale, révélant tout le potentiel du croisement des savoirs.
Mais au-delà du contenu scientifique, c’est la portée symbolique de cette rencontre qui a marqué les esprits. L’Université Ibn Tofaïl a rappelé, par l’exemple, qu’une recherche utile naît souvent à la frontière des disciplines. Dans un contexte mondial où les crises sanitaires, sociales et environnementales s’entremêlent, l’interdisciplinarité n’est plus un luxe, mais une nécessité. La science ne peut plus se permettre l’isolement ; elle doit s’ouvrir, s’hybrider, dialoguer.
Ce mouvement s’inscrit dans la dynamique nationale portée par les ministères de la Santé, de la Solidarité et de l’Enseignement supérieur, qui prônent une recherche au service du citoyen et du développement humain. L’expérience de Mhamedi en devient ainsi un modèle; celui d’un chercheur qui ne se contente pas d’observer le monde, mais qui s’y engage, réinventant la fonction du savoir comme levier de compréhension, de prévention et d’action publique.
Lorsque la séance s’est close, un sentiment d’évidence planait dans la salle : la rencontre entre les médias et la médecine n’était pas une coïncidence, mais un signe des temps. En réunissant le journaliste et le médecin, la parole et la science, l’Université Ibn Tofaïl a prouvé que la connaissance, lorsqu’elle s’ouvre à l’autre, devient force de transformation.
En outre, à l’UIT de Kénitra, la recherche a retrouvé son souffle originel d’un dialogue vivant entre les disciplines, les institutions et les hommes. Et dans cette alliance entre communication et santé, une conviction s’impose : l’innovation commence là où la science se met au service de l’humain.