Le débat sur l’avenir des retraites refait surface avec vigueur, mais le gouvernement appelle à calmer le jeu. La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a dénoncé mardi à la Chambre des conseillers un discours « alarmiste » de certaines centrales syndicales, estimant qu’il est temps de passer de la dramatisation aux décisions concrètes.
Selon la ministre, l’exécutif dispose d’une volonté politique claire pour avancer sur ce dossier sensible. Elle a rappelé que le dernier dialogue social central a permis de poser un accord de principe, reconnaissant la responsabilité partagée des partenaires sociaux dans la réforme des régimes de retraite.
La Commission nationale de réforme des systèmes de retraite, longtemps inactive, a été relancée sur initiative du chef du gouvernement. Une commission technique a été mise en place pour proposer des solutions concrètes pour la refonte des différentes caisses.
« La réforme concerne près de cinq millions de Marocains », a souligné Nadia Fettah, insistant sur la nécessité d’un consensus avec les syndicats. L’enjeu principal reste la viabilité financière des régimes, qu’il faut aborder avec rigueur, sans exagérer les déficits ni céder à la peur. Les travaux de la commission technique sont déjà en cours et avancent régulièrement.
La ministre a reconnu que si l’accord sur le principe semble simple, sa mise en œuvre l’est beaucoup moins. Les négociations demandent du temps et un alignement sur les bases de la réforme. Pour lancer le chantier, il est indispensable d’avoir une vision claire et partagée de la situation réelle des caisses.
À ce titre, quatre réunions sont prévues avec les syndicats pour examiner chaque régime séparément, avec des données précises et transparentes.
Sur le plan politique, la controverse persiste. Le conseiller Mbarek Sbai, du groupe haraki, a critiqué le manque de visibilité du gouvernement et s’interroge sur sa volonté réelle de rompre avec les réformes paramétriques du passé, qui avaient notamment relevé l’âge de départ à la retraite et modifié les conditions de cotisation. Selon lui, seule l’application du système bipolaire public-privé instauré en 2013 garantirait une certaine équité, évitant de transférer les déséquilibres du public vers le privé.
Face à ces critiques, le gouvernement maintient son cap. Il mise sur une approche progressive et concertée, espérant que la démarche technique suffira à rassurer les syndicats tout en préservant l’équilibre financier des caisses.






