Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, a souligné, jeudi à Tétouan, que l’économie bleue est un « pilier fondamental » pour l’édification du Nouveau modèle de développement du Maroc.
Intervenant lors d’une rencontre organisée par l’Université Abdelmalek Essaâdi (EAU), en partenariat avec le CESE, M. Chami a affirmé que « l’économie bleue constitue une véritable source de création de richesse », notant que le Conseil a développé une vision ambitieuse pour l’écosystème de l’économie bleue et le développement de ses secteurs porteurs.
Devant un parterre d’universitaires et d’étudiants, le responsable a présenté quelques données relatives à l’économie bleue au Maroc, qui dispose d’un important patrimoine halieutique avec un littoral qui s’étend sur plus de 3.500 km et un espace maritime d’environ 1,2 million de km2, notant que le littoral marocain couvre 9 des 12 régions du Royaume.
Chami a passé en revue les indicateurs du secteur de la pêche et de l’aquaculture, dont la production globale est estimée à près de 1,4 million de tonnes, et qui fournit près de 700.000 emplois et contribue au commerce extérieur avec une part d’environ 45% des exportations agroalimentaires, notant que l’industrie des produits de la mer compte près de 460 unités à terre et génère un chiffre d’affaires de l’ordre de 24 milliards de dirhams.
Il a indiqué que 50% des structures touristiques sont concentrées sur le littoral, dont 6 stations balnéaires, outre la construction de 9 stations de dessalement de l’eau de mer, dont le nombre devrait atteindre 30 à l’horizon 2030.
Le responsable a rappelé que le Conseil a diagnostiqué et identifié un certain nombre de contraintes auxquelles fait face le secteur bleu, notamment les déséquilibres de la pêche maritime (diminution des ressources marines, pêche traditionnelle), les obstacles au développement de la compétitivité de l’aquaculture (foncier, financement, fiscalité), et la faiblesse du secteur de la construction et de la maintenance navale pour répondre à la demande nationale, relevant l’existence d’opportunités inexploitées, notamment dans les domaines du tourisme maritime, des sports nautiques, de l’exploration gazière et de la production d’énergie éolienne.
Il a également mis l’accent sur les questions liées au changement climatique et à la surexploitation des ressources halieutiques, qui entraînent l’acidification des mers et des océans et leur réchauffement, ainsi que sur la pollution plastique et la pollution par les déchets pétroliers et les eaux usées, et sur le risque d’extinction de certaines espèces de poissons, en raison de la surpêche et de la pêche illégale.
La vision du Conseil, a-t-il dit, repose sur la promotion des activités marines commerciales, telles que le tourisme côtier, la pêche, le transport, l’aquaculture marine, la construction et l’entretien des navires, le dessalement de l’eau, les biotechnologies de l’eau, les énergies renouvelables, et des activités marines non commerciales, à savoir la connaissance, l’éducation, la formation, la culture, la protection du patrimoine, la gestion, la sûreté et la sécurité.
Et pour investir et valoriser le potentiel offert par l’économie bleue, M. Chami a souligné la nécessité d’adopter une stratégie nationale pour l’économie bleue durable et inclusive, avec une dimension territoriale, visant à valoriser les secteurs traditionnels. (pêche, tourisme et activités portuaires) et de promouvoir de nouveaux secteurs à fort potentiel de croissance (aquaculture, écotourisme, biotechnologies marines, construction navale, énergies renouvelables, etc.)
Chami a assuré que le Conseil a émis une série de recommandations pour promouvoir le secteur, notamment la mise en œuvre de la planification spatiale marine au niveau territorial, le renforcement de la dynamique de développement de nouveaux secteurs de l’économie bleue, et l’investissement dans la recherche et l’innovation liées aux différents secteurs de l’économie bleue.
Pour sa part, le président de l’UAE, Bouchta El Moumni, a souligné que cette manifestation s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres organisées au profit des étudiants, en vue de renforcer l’ouverture de l’Université sur son environnement socio-économique, notant que Chami a abrité, mercredi à Tanger, une conférence sous le thème « L’esprit d’entreprise chez les jeunes au Maroc ».
Cette rencontre a été marquée par un débat ouvert entre le président du CESE, les professeurs et les étudiants de l’Université, autour des principes de l’économie bleue, d’autant plus que la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima dispose d’énormes potentialités dans ce domaine.