CESE : Les petites entreprises emploient massivement mais ne créent pas de valeur ajoutée

Dans un avis récent consacré à « Les défis des très petites, micro et petites entreprises au Maroc : croissance, modernisation et développement », le Conseil économique, social et environnemental (CESE) révèle que, malgré leur rôle central dans la création d’emplois, ces catégories d’entreprises ne parviennent pas à transformer leur poids numérique en une contribution significative à la création de valeur ajoutée.

Selon cet avis, émis à la demande de la Chambre des conseillers, les très petites, micro et petites entreprises dotées de personnalité morale ne génèrent que 20,1 % de la valeur ajoutée totale produite par l’ensemble des entreprises, contre 12,4 % pour les entreprises de taille moyenne et 67,6 % pour les grandes entreprises, alors même que ces dernières ne représentent que 0,5 % du total des entreprises actives.

S’agissant des entreprises individuelles, le Conseil explique que l’absence de données exhaustives empêche une évaluation précise de leur contribution économique. Toutefois, les indicateurs disponibles confirment à leur tour la faiblesse de la valeur ajoutée produite, en raison de leur concentration dans des activités faiblement productives, telles que le petit commerce, l’artisanat, les services de proximité, ainsi que le bâtiment et les travaux publics.

Le CESE attribue cette faible productivité à un ensemble de contraintes structurelles, notamment la difficulté d’accès au financement, ces entreprises n’ayant bénéficié que de 29,3 % des prêts bancaires accordés en 2023, contre 59,1 % pour les grandes entreprises. À cela s’ajoutent une faible intensité technologique, un recours limité aux moyens de production modernes, ainsi qu’un déficit en compétences humaines qualifiées.

L’avis relève par ailleurs que le nombre de start-up au Maroc ne dépasse pas 2 000 entreprises, dont seule une minorité dispose d’un réel potentiel de croissance et de scalabilité. Les investissements dédiés aux technologies de rupture (Deep-Tech) demeurent faibles, tandis que l’environnement des affaires continue de constituer un obstacle à leur développement et à leur insertion sur les marchés internationaux.

Le Conseil observe également que l’entrepreneuriat féminin reste en deçà des ambitions, malgré une présence croissante des femmes dans la sphère économique. Cette situation s’explique par des obstacles structurels tels que la difficulté d’accès aux financements, la faiblesse des réseaux professionnels, ainsi que par des contraintes sociales et culturelles, autant de facteurs qui limitent la capacité des entreprises féminines à croître et à se moderniser.

Selon les données du Moniteur marocain des très petites, petites et moyennes entreprises (2023), les entreprises très petites représentent 86,7 % des entreprises dotées de personnalité morale, avec un chiffre d’affaires inférieur à 3 millions de dirhams. En incluant les très petites entreprises réalisant jusqu’à 10 millions de dirhams de chiffre d’affaires, la proportion augmente à 94 %, et atteint 98,4 % pour les entreprises dont le chiffre d’affaires va jusqu’à 50 millions de dirhams.

Dans le même avis, il est indiqué que le nombre d’entreprises actives disposant d’une personnalité morale s’établissait à environ 349 000 en 2023. En parallèle, le nombre d’entreprises individuelles – actives et inactives – a atteint 1,3 million au 30 septembre 2024, tandis que le nombre d’auto-entrepreneurs enregistrés s’élevait à 440 916 fin 2024.

En outre, le Conseil souligne que les très petites, micro et petites entreprises concentrent 56 % des emplois déclarés à la CNSS en 2023, ce qui en fait un levier essentiel d’inclusion sociale, notamment au profit des jeunes et des travailleurs non qualifiés, dont nombre d’entre eux accèdent pour la première fois au marché du travail à travers ces structures ou via le régime de l’auto-entrepreneur.

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