La tension monte entre les États-Unis et les pays du BRICS, sur fond de guerre commerciale et de rivalités géostratégiques. L’administration Trump, fidèle à sa ligne dure, agite la menace de nouvelles surtaxes douanières contre les membres de ce groupe s’ils persistent à contester sa politique commerciale jugée agressive et unilatérale.
Ce bras de fer n’est pas nouveau : il ravive une fracture ancienne entre un Occident soucieux de préserver son hégémonie et un « Sud global » de plus en plus organiser, revendiquant sa place dans les équilibres internationaux.
Le groupe des BRICS, composé à l’origine du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, incarne aujourd’hui le noyau dur des puissances émergentes. Ces pays, aux trajectoires et aux intérêts souvent divergents, se présentent pourtant comme un front alternatif face au G7. Leur discours, porté par la critique de l’unipolarité occidentale, séduit de plus en plus de nations qui cherchent à diversifier leurs partenariats stratégiques et économiques. Si cette coalition reste encore en quête d’un véritable projet cohérent, elle n’en exerce pas moins une influence croissante sur la scène mondiale, notamment dans les domaines du commerce, de l’énergie et de la gouvernance financière.
Dans ce contexte de recomposition géopolitique, le Maroc est régulièrement cité parmi les candidats potentiels à une future adhésion au groupe. Pourtant, Rabat n’a jamais exprimé officiellement une telle ambition. Si le Royaume entretient des relations solides et en expansion avec plusieurs membres des BRICS — notamment la Chine, l’Inde et la Russie —, il conserve une approche prudente, fondée sur la flexibilité diplomatique et la diversification de ses alliances. Son positionnement stratégique, à la croisée des mondes arabes, africains et européens, l’incite à ménager ses équilibres plutôt qu’à s’engager dans des blocs rigides.
Un rapport récent souligne d’ailleurs que rejoindre les BRICS ne serait pas forcément avantageux pour le Maroc. L’absence d’un projet politique unifié, les rivalités internes entre membres et le manque de convergence économique limiteraient les bénéfices d’une telle adhésion. Le Royaume risquerait d’y perdre sa marge de manœuvre diplomatique et de brouiller son image de partenaire fiable auprès des puissances occidentales, avec lesquelles il entretient des relations étroites, notamment dans les domaines sécuritaires, économiques et technologiques.
Alors que le monde semble glisser vers une logique de polarisation exacerbée, le Maroc mise sur une diplomatie de nuance et de positionnement stratégique. Ni aligné, ni inféodé, il continue de tracer sa propre voie, entre coopération Sud-Sud renforcée et ancrage solide dans les partenariats traditionnels. Dans un système international instable, cette capacité à naviguer entre les blocs pourrait bien devenir son atout le plus précieux.