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AS : Washington écarte l’Espagne d’une route maritime clé au profit du Maroc

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Selon le quotidien AS, les États-Unis ont décidé d’exclure le port d’Algésiras, en Espagne, de l’une des plus importantes routes maritimes stratégiques reliant l’Atlantique à l’océan Indien. Entrée en vigueur en juin 2025, cette décision consacre le port marocain de Tanger Med comme principal hub logistique de la région, renforçant ainsi son rôle de plateforme incontournable dans les échanges intercontinentaux.

Les deux principaux opérateurs maritimes concernés, American President Lines et Maersk Line, ont justifié ce basculement par des raisons « opérationnelles et de coûts ». Toutefois, souligne AS, cette réorientation survient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Washington et Madrid.

L’exclusion de l’Espagne s’inscrit dans le cadre du Maritime Security Program (MSP) américain, un dispositif qui garantit la disponibilité d’une flotte commerciale au service du Pentagone en temps de crise. Les navires opérant dans ce cadre, gérés notamment par Maersk, transportent des cargaisons militaires, civiles et industrielles, et font régulièrement escale dans des bases américaines ou alliées de l’OTAN.

Pour AS, ce repositionnement consolide encore la stature de Tanger Med comme pivot logistique de premier plan pour le trafic entre les États-Unis, l’Afrique et l’Asie.

Cette « crise portuaire » intervient alors que les relations politiques et de défense se détériorent entre les deux pays. Washington exprime notamment ses inquiétudes face au choix de l’Espagne de confier à Huawei le stockage d’informations sensibles, ainsi qu’à sa décision de ne pas acquérir les chasseurs F-35, interprétée outre-Atlantique comme un éloignement de la relation stratégique.

Le quotidien espagnol rapporte, citant des sources de la Commission de supervision des ports, que l’Espagne pourrait encourir de lourdes sanctions — jusqu’à deux millions d’euros par voyage — ainsi que des restrictions sur le transport de marchandises, si des « violations » étaient confirmées.

Bien que le commerce maritime bilatéral ne représente que 4 % du trafic total des ports espagnols, il porte sur des biens à forte valeur ajoutée et sur des composants industriels stratégiques, conférant à cette décision un poids économique et stratégique majeur.

Les racines de cette crise remontent à novembre 2024, lorsque Madrid avait refusé l’accostage à Algésiras de porte-conteneurs américains suspectés de transporter du matériel à destination d’Israël. Le gouvernement espagnol avait invoqué sa souveraineté nationale, affirmant qu’il interdisait tout transport susceptible d’être utilisé pour « commettre un génocide ou d’autres crimes de guerre ». Cette décision avait provoqué l’ire de Washington, poussant la Federal Maritime Commission américaine à ouvrir une enquête sur les « pratiques espagnoles »

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