Mehdi Bensaid, membre de la direction collective du Parti Authenticité et Modernité (PAM) et ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, a tiré la sonnette d’alarme concernant les agissements de la « mafia immobilière » à Casablanca. Lors d’un débat organisé par la Fondation Al-Faqih Tétouani à Salé, il a affirmé que cette organisation cible particulièrement les bâtiments historiques et patrimoniaux de la capitale économique.
Le ministre a déploré la destruction de plusieurs édifices patrimoniaux, soulignant leur importance historique et touristique pour Casablanca et le Maroc dans son ensemble. « Ces bâtiments témoignent de l’identité de la ville et de son riche passé. Leur disparition est une perte irrémédiable », a-t-il déclaré.
Un comité pour identifier et protéger le patrimoine
Pour contrer ce phénomène, un comité interministériel, en coordination avec le ministère de la Culture, a été mis en place afin de réaliser des études sur les zones patrimoniales de Casablanca. L’objectif est de mieux identifier et préserver les sites menacés.
Cependant, la menace n’est pas nouvelle. Depuis des années, Casablanca souffre de la voracité de réseaux criminels spécialisés dans l’accaparement illégal de terrains et de biens immobiliers, notamment ceux appartenant à l’État ou à des particuliers et souvent non immatriculés. La Brigade nationale de la police judiciaire mène actuellement des enquêtes sur plusieurs affaires impliquant ces réseaux.
Les acteurs locaux appellent à une mobilisation
Mohamed Omari, vice-coordinateur régional de Casablanca-Settat pour l’Instance nationale de protection des deniers publics et de la transparence, a salué les déclarations du ministre. « La protection des bâtiments patrimoniaux est une urgence. Ils risquent d’être transformés en constructions modernes dénuées de toute identité, au profit d’intérêts purement lucratifs », a-t-il averti.
Omari a critiqué la négligence des gouvernements successifs et des collectivités territoriales dans la gestion de ce dossier, dénonçant leur incapacité à contrer efficacement les agissements de la mafia immobilière.
Une loi et des acteurs à mobiliser
Pour Mohamed Omari, la protection du patrimoine repose sur une mise en œuvre rigoureuse de la loi 22.80 relative à la préservation des monuments historiques et des œuvres d’art. Cette législation, associée à une collaboration active avec les collectivités locales et la société civile, pourrait offrir une véritable solution à la menace qui plane sur le patrimoine de Casablanca.
Il a également appelé à une mobilisation accrue des autorités judiciaires et à une sensibilisation renforcée auprès de la population. « Ces édifices historiques ne sont pas seulement des monuments, mais des témoins vivants de notre histoire et de notre identité collective », a-t-il conclu, rappelant leur valeur esthétique et économique pour la ville.
Sauvegarder la mémoire collective
En conclusion, la préservation des bâtiments historiques de Casablanca constitue un enjeu majeur, non seulement pour maintenir l’attrait culturel et touristique de la ville, mais aussi pour garantir aux générations futures l’accès à un patrimoine unique. Une action concertée et déterminée entre les pouvoirs publics, la justice, et la société civile semble aujourd’hui indispensable pour protéger cette mémoire collective face aux convoitises de la mafia immobilière.