Younes Moujahid, président du Comité provisoire de gestion du secteur de la presse et de l’édition et figure de proue du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), a annoncé la suspension de son adhésion au syndicat, avant de déclarer son retrait définitif, en dénonçant ce qu’il qualifie de “dérives organisationnelles et légales graves”.
Dans une déclaration à la presse, Moujahid explique avoir été informé de la suspension de son adhésion lors de la réunion du Conseil national fédéral tenue le 1er novembre 2025, sans qu’aucune justification ne lui soit fournie. Il rappelle avoir adressé, le 31 octobre, une lettre au président du Conseil, Othmane Nejjar, pour l’avertir de sa décision de boycotter cette réunion, en raison de “violations du règlement intérieur”, notamment le non-respect du délai de convocation et l’absence de communication préalable du projet d’ordre du jour dans les délais légaux.
Moujahid dénonce également le fait que les commissions d’éthique, d’arbitrage et de contrôle financier n’aient toujours pas été mises en place, malgré l’écoulement de la moitié du mandat syndical. Il estime que cette carence traduit “une volonté manifeste de contourner la transparence et la bonne gouvernance”.
Selon lui, la décision de suspendre son adhésion “prise par une minorité présente à la réunion” est elle-même contraire aux statuts internes, qui réservent cette prérogative au bureau exécutif ou au bureau régional, après notification des griefs et audition du membre concerné.
Le désaccord profond entre Moujahid et le président actuel du SNPM découle, dit-il, du non-respect des engagements éthiques pris lors du congrès électif, notamment la création d’une commission de gouvernance et de contrôle financier, chargée de veiller à la conformité des décisions et à la gestion des ressources du syndicat. “Ces engagements ont été purement et simplement reniés”, déplore-t-il.
L’ancien président du syndicat va plus loin, accusant la direction actuelle d’avoir “transformé l’organisation en un espace de confusion juridique et d’opacité”, et affirmant qu’il refuse de “cautionner la dérive” d’une structure bâtie par de grandes figures du journalisme marocain, telles que Mohamed Yazghi, Abdelkrim Ghallab, Ali Yata, Mohamed Larbi Messari ou encore Abdelatif Aouad.
Moujahid met également en garde contre “la situation périlleuse” du syndicat, qui, selon lui, “se trouve aujourd’hui sur la sellette” après avoir accumulé des acquis importants : création de sections régionales, conventions collectives, amélioration des salaires dans le secteur public et parapublic de la presse, et reconnaissance internationale.
Enfin, il conclut : “J’aurais pu porter ces violations devant la justice, mais je refuse d’ajouter de nouvelles blessures à une organisation qui sombre dans l’illégalité. Je me retire du Syndicat national de la presse marocaine, sans renier son histoire, mais en refusant d’assister, dans le silence, à son effondrement moral et institutionnel.”






