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Visite de Jacob Zuma au Maroc : un document officiel contredit la version de Pretoria

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Malgré la vive réaction du ministère sud-africain des Affaires étrangères, exprimant son mécontentement à l’égard de la visite de Jacob Zuma au Maroc et de l’affichage du drapeau national de son pays à cette occasion, un document officiel révèle que le déplacement avait été planifié selon des arrangements protocolaires formels, en coordination directe avec l’ambassade d’Afrique du Sud à Rabat.

Le document, publié est une lettre adressée par l’ambassade sud-africaine au ministère marocain des Affaires étrangères, via sa Direction du Protocole. Il y est expressément demandé de faciliter le passage, par le salon d’honneur de l’aéroport Rabat-Salé, d’une délégation conduite par l’ancien président sud-africain et chef du parti Umkhonto We Sizwe, Jacob Zuma.

La lettre précise les dates et modalités de la visite : arrivée prévue le 15 juillet 2025 à 13h45, sur le vol Air France AF1258 en provenance de Paris, et départ fixé au 18 juillet 2025 à 14h10, sur le vol AF1259 à destination de la capitale française. La correspondance inclut également les noms et numéros de passeport des sept membres accompagnant  Zuma, parmi lesquels Nomsa Nomonde Tjali, le colonel Sikhusani Nhlanhla Benedict et le capitaine Ntombela Jabulani Ephraim.

Elle mentionne en outre l’arrivée préalable, le 12 juillet 2025, d’une équipe préparatoire composée de quatre personnes, dont l’identité et les références de passeport avaient également été communiquées au ministère marocain.

Ces éléments contredisent le communiqué officiel diffusé le 6 août 2025 par la diplomatie sud-africaine, qui exprimait son « objection ferme et sa profonde préoccupation quant aux circonstances entourant la récente visite d’un dirigeant sud-africain de premier plan » – en l’occurrence Zuma.

Dans cette déclaration, Pretoria dénonçait l’utilisation du drapeau national sud-africain lors de la rencontre, le 15 juillet 2025 à Rabat, entre Jacob Zuma et le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Selon le gouvernement sud-africain, le déploiement des symboles nationaux « suggère une dimension officielle et donne l’impression d’un contact formel entre deux États », alors que  Zuma, en tant que chef d’un parti d’opposition, ne représentait pas la position officielle de son pays.

Tout en réaffirmant le droit souverain du Maroc à inviter des personnalités ou des organisations, Pretoria a jugé cette utilisation des symboles nationaux « inappropriée, quels qu’en soient le contexte ou les intentions », appelant Rabat à s’abstenir de telles pratiques à l’avenir.

La déclaration insistait sur la nécessité de préserver « des relations bilatérales amicales » fondées sur le respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires intérieures et l’adhésion stricte aux usages diplomatiques, conditions essentielles au développement de liens positifs et durables entre les deux pays.

L’ancien président sud-africain, Jacob Zuma, s’est rendu à Rabat porteur de la reconnaissance, par son jeune parti Umkhonto We Sizwe, de la marocanité du Sahara, quelques semaines seulement après avoir exprimé son soutien à la proposition marocaine d’autonomie comme solution à ce différend.

Lors de sa rencontre, le mardi 15 juillet 2025, avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita,  Zuma a affirmé que l’initiative d’autonomie permettrait de « garantir une gouvernance locale efficace pour les habitants de la région du Sahara, tout en préservant la souveraineté du Maroc » sur ses provinces du Sud.

De son côté, le Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, a qualifié cette entrevue entre Nasser Bourita et Jacob Zuma de « tentative dangereuse » visant à délégitimer l’ordre politique en place.

Dans un communiqué publié sur son compte officiel X (anciennement Twitter), l’ANC a estimé que cette rencontre, perçue comme « une provocation et une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures », avait été organisée avec une personnalité de l’opposition ne représentant pas le gouvernement élu, et marquée par l’utilisation du drapeau national sud-africain.

Le parti au pouvoir a dénoncé l’usage des symboles nationaux dans des activités partisanes « organisées par des forces étrangères », y voyant un acte trompeur relevant d’« une stratégie plus large d’ingérence étrangère ». Il a appelé le ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération à déposer une protestation diplomatique et à demander aux autorités marocaines « des excuses et des explications immédiates ».

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