Un rapport recommande la restructuration de l’ONEE pour une gouvernance plus efficace du secteur énergétique
Un rapport récent de l’Initiative « Imal » pour le Climat et le Développement appelle à une refonte structurelle de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE) afin de lui permettre d’assumer pleinement son rôle stratégique dans la modernisation du réseau de transport de l’électricité et l’accompagnement des réformes du secteur énergétique.
Publié le jeudi 13 mars 2025 sous le titre « La transition énergétique au Maroc à l’aune des orientations stratégiques du Nouveau Modèle de Développement », ce rapport met en lumière la nécessité de séparer les activités de l’eau et de l’électricité, un impératif qualifié de « condition essentielle » pour garantir la transparence tarifaire et assurer une concurrence équitable entre les producteurs.
Dans cette perspective, le document recommande une révision des contrats d’achat d’électricité à long terme, dénonçant des engagements contractuels qui alourdissent considérablement la charge financière de l’État et des consommateurs.
Le rapport revient également sur l’année 2022, qualifiée de « particulièrement éprouvante » pour l’ONEE, qui a enregistré une perte historique de 20 milliards de dirhams, conséquence directe de la flambée des prix de l’énergie à l’échelle mondiale.
Face à cette situation, l’État a dû injecter 5 milliards de dirhams sous forme de soutien financier d’urgence, tandis que l’ONEE a procédé à la titrisation de ses dettes commerciales à hauteur de 3,2 milliards de dirhams.
Le rapport préconise la transformation de l’ONEE en société anonyme, s’appuyant sur les principes de gouvernance efficiente et de transparence financière, tout en recentrant son activité sur le transport de l’électricité, avec un désengagement progressif de la production au profit du secteur privé dans un cadre concurrentiel. Une étude visant à redéfinir son modèle économique a d’ailleurs été initiée en juillet 2023.
Le document souligne également l’importance du loi 83-21, portant sur la création des sociétés de services multi-territoriales, qui constitue une avancée majeure. Cette réforme devrait réduire l’intervention de l’ONEE en le recentrant exclusivement sur l’activité de transport, un levier essentiel pour renforcer l’efficacité du secteur électrique national.
Toutefois, le rapport met en garde contre la persistance des contrats « Take-or-Pay », toujours appliqués sans révision, en contradiction avec les recommandations du Nouveau Modèle de Développement. Il avertit que le maintien de ce schéma entraverait le développement de la production décentralisée des énergies renouvelables.
Par ailleurs, l’étude insiste sur la nécessité d’adopter des mécanismes de soutien ciblés et transparents, évitant toute compensation croisée entre les secteurs de l’eau et de l’électricité, afin d’assurer une répartition équitable des charges et d’alléger le fardeau financier pesant sur les consommateurs et l’État.
Le rapport met également en avant l’opportunité qu’offre la digitalisation dans la gestion et la maintenance des réseaux électriques, un levier stratégique qui permettrait de réduire les coûts et d’accélérer l’intégration des énergies renouvelables. Il recommande ainsi aux pouvoirs publics d’inciter les investisseurs à généraliser les compteurs intelligents.
En outre, le document souligne l’importance pour l’ONEE de capitaliser sur son expertise reconnue, notamment dans l’électrification rurale et la gestion des infrastructures hydroélectriques et thermiques, afin de renforcer ses partenariats nationaux et internationaux.
Dans cette dynamique, le rapport conclut sur la nécessité de réévaluer le modèle opérationnel de l’Agence Marocaine pour l’Énergie Durable (MASEN), afin de faciliter l’ouverture du marché à de nouveaux acteurs et d’encourager une diversification accrue des sources énergétiques. Il plaide ainsi en faveur d’un soutien renforcé à la production décentralisée, condition essentielle pour assurer la flexibilité et la pérennité du système énergétique marocain.