Un journal saoudien : L’Algérie amorce un rapprochement avec la France en recevant une délégation parlementaire
Dans une tentative algérienne de dissiper les nuages de la crise diplomatique avec Paris, l’Algérie a accueilli, ce mercredi, une délégation parlementaire française composée de 30 membres de l’Assemblée nationale et du Sénat. Cette démarche est largement perçue comme un signe de la volonté de l’Algérie d’entamer un nouveau chapitre dans ses relations avec la France.
Cette visite, qui coïncide avec la commémoration des massacres du 8 mai 1945, revêt une portée politique qui dépasse le simple aspect symbolique de l’événement. En effet, l’Algérie a accepté d’octroyer des visas à la délégation, ce qui, selon un rapport du quotidien Al-Sharq Al-Awsat, a été interprété comme un geste de bonne volonté à l’égard de la France.
Le rapport évoque également un souhait manifeste de l’Algérie de mettre fin au différend avec la France, citant un député algérien sous couvert d’anonymat qui a précisé au Shark Al-Awsat que cette visite n’avait pas été organisée par le parlement algérien, mais avait été facilitée par des cercles supérieurs. Cette déclaration laisse entendre une implication directe de la présidence de la République pour orchestrer la rencontre.
En outre, la délégation française se distingue par l’absence de députés issus de la droite et de l’extrême droite, se limitant à des membres du centre et de la gauche, connus pour leurs positions modérées vis-à-vis des relations algéro-françaises. A contrario, les députés de droite adoptent des postures plus radicales et opposées à l’Algérie.
Le journaliste indépendant algérien, Ali Boukhlef, a déclaré au Shark Al-Awsat que l’acceptation par l’Algérie d’accueillir la délégation parlementaire française témoigne d’une volonté de désamorcer les tensions, notamment avec la présence de sénateurs français. Il a ajouté que cette démarche visait à envoyer un message clair : l’Algérie est ouverte au dialogue avec toutes les factions politiques françaises, à l’exception des courants d’extrême droite, ce qui explique leur absence du groupe.
Cependant, le journaliste a mis en garde contre un excès d’optimisme, soulignant que la diplomatie parlementaire seule ne suffira pas à résoudre une crise d’une telle envergure, surtout avec les divergences persistantes, notamment la question des fonctionnaires consulaires algériens incarcérés, et le refus de la France de s’immiscer dans les décisions judiciaires, conformément aux attentes algériennes.
Dans ce contexte, la visite intervient alors que la crise diplomatique entre les deux pays s’est intensifiée depuis l’annonce, en juillet dernier, de la volonté de la France de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ce qui a conduit l’Algérie à rappeler son ambassadeur à Paris et annuler une visite prévue du président Abdelmadjid Tebboune.
L’escalade de la crise s’est amplifiée, selon la même source, après l’emprisonnement de trois fonctionnaires consulaires algériens en France, la réaction de l’Algérie consistant à expulser des diplomates français et le rappel de l’ambassadeur français d’Alger, ce qui a conduit à un gel effectif des relations bilatérales.
Bien que l’Algérie affiche, de temps à autre, une certaine fermeté dans ses relations avec la France, elle laisse parfois, de manière indirecte, transparaître sa volonté de résoudre cette crise, tant ses répercussions sont néfastes sur son image auprès de l’Union européenne et tant elle pourrait entraîner des pertes politiques et économiques vis-à-vis de la France.