Un article publié par le quotidien français Le Monde, intitulé « Au Maroc, une atmosphère de fin de règne pour Mohammed VI », a déclenché une vague de contestations et de critiques dans les milieux médiatiques et politiques marocains. Nombre d’observateurs y voient une analyse superficielle, orientée, et une déformation volontaire de symboles profondément enracinés dans l’architecture institutionnelle et politique du Royaume.
Sous des allures d’enquête journalistique, le texte révèle en réalité une inquiétante légèreté méthodologique. De grands constats y sont dressés à partir de scènes isolées et d’événements décontextualisés, sans effort d’interprétation des réalités locales ni prise en compte de la spécificité du modèle politique et social marocain.
Le simple fait de relier la rareté des apparitions royales ou des rumeurs numériques à l’idée d’une « fin de règne » s’apparente moins à une démarche analytique qu’à une recherche d’effet sensationnaliste.
L’un des points les plus décriés concerne l’interprétation réductrice de la monarchie marocaine. Héritière de plusieurs siècles de légitimité religieuse, politique et historique, elle figure parmi les institutions royales les plus anciennes et les plus résilientes au monde.
Ce que les auteurs présentent comme une « image fatiguée du souverain » occulte totalement le rôle central de l’institution monarchique dans la préservation de la stabilité politique, du lien social, et son enracinement dans un soutien populaire constant et profond.
La question soulevée par ce type de productions dépasse leur indigence professionnelle : s’agit-il d’initiatives isolées ou d’éléments d’une stratégie plus large visant à façonner une perception négative du Maroc ? Cette méthode, familière dans le domaine des opérations psychologiques, consiste à distiller des récits anxiogènes et teintés d’insinuations pour orienter l’opinion internationale.
Bien que fragiles sur le plan factuel, ces récits trouvent un écho auprès d’acteurs hostiles au Royaume, qui les instrumentalisent pour alimenter des campagnes médiatiques ou politiques ciblées.
Ces dérives remettent sur la table la question de l’éthique journalistique dans le traitement des réalités internationales. Lorsqu’il s’agit d’analyser la situation d’un pays avec lequel les journalistes entretiennent une distance culturelle, politique et géographique considérable, le devoir de rigueur et de nuance devrait primer sur la tentation de titres accrocheurs et d’analyses approximatives.