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Turquie : Erdogan, peut-il décrocher un dernier mandat ?

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Les turcs seront invités à choisir leur futur président le 14 mai. Deux noms sont sur la liste à savoir Recep Tayyip Erdogan et son rival Kemal Kilicdaroglu, candidat de l’opposition unie. Une date décisive pour Erdogan qui espère décrocher un dernier mandat après avoir dirigé le pays pendant deux décennies et dont le bilan a été dressé par le politologue Ahmet Insel.

C’est un bilan très singulier pour Erdogan qui a pu tenir le pays pendant deux décennies et dont la popularité a connu une légère baisse depuis 2018. Un parcours exceptionnel d’un politicien hors pair qui a pu transformer la Turquie mais qui s’est trouvé face à des situations très difficiles dont la montée de l’inflation, le dernier séisme qui a secoué le pays en plus de la dérive autoritaire. Tout un tas de facteurs qui peuvent jouer contre ce politicien qui espère en dépit de ce bilan négatif décrocher un dernier mandat avant de céder la place à son unique rival.

Ainsi et selon le politologue Ahmet Insel, le bilan d’Erdogan après ses vingt années de règne s’avère négatif sur trois volets à savoir sa politique interne qui s’est caractérisée par une répression du pouvoir au lieu d’un approfondissement du processus démocratique comme il l’avait promis. Quant à l’économie, Erdogan, et dans une perspective d’adhérer à l’Union européenne, il a pratiqué un système néolibérale lui ayant permis de profiter de la conjoncture internationale, bénéficiant ainsi d’importants investissements étrangers.

A cet titre, le revenu par habitant a connu une hausse passant de 3000$ en 2002 à 12000$ en 2012 pour se fixer à 9000$ après cette date, due à une crise économique qui a touché le pays à partir de 2018, caractérisée par la dépréciation de la livre turque de 200 % face à l’euro en quatre ans. quant à l’inflation, la Turquie est le deuxième pays au monde avec un taux d’inflation qui varie autour de 60 % actuellement. La classe moyenne s’est appauvrie. Quand Erdogan est arrivé au pouvoir, la Turquie faisait partie du G20 depuis 2009, elle était le 17e PIB mondial. Aujourd’hui, elle est à la 20e position.

Puis il y a le volet idéologique et à ce sujet, l’auteur présume que Recep Tayyip Erdogan a utilisé la direction des affaires religieuses, la Diyanet, comme un bras idéologique actif d’encadrement de la population dans une idéologie religieuse qui ressemble à celle des évangélistes américains.

Au niveau de la politique étrangère, la Turquie comptait parmi les grandes puissances de la région, redoutée par ses voisins que ce soit l’Irak, l’Iran, la Syrie ou la Grèce, une position qui a changé depuis l’arrivée d’Erdogan au pouvoir. Sa vison étant de se positionner comme intermédiaire entre l’Ukraine et la Russie a fait de la Turquie une source de problèmes avec toutefois une position ambivalente dans l’Otan et un gel des relations avec l’Union Européenne.

Reste à savoir comment la gestion du dernier séisme va jouer sur le vote pour Erdogan. D’après les sondages, les gens qui étaient convaincus de voter contre Erdogan sont encore plus convaincus quoique ces séismes ont eu lieu dans des régions qui sont des réserves de voix d’Erdogan à part Antioche. Certes, il pourrait y avoir un léger impact mais pas sur le plan national.

Dans son analyse, le politologue se demande sur les scénarios possibles en cas de victoire de l’opposant Kemal Kilicdaroglu et à cet effet, il met en avant ligne la nomination des juges du Haut Conseil électoral par Erdogan et qui peuvent déjouer les résultats. A cet égard, les partis de l’opposition se sont mobilisés sur la plateforme de sécurité électorale afin d’avoir leurs observateurs dans tous les bureaux de vote dont le nombre est de 192000.

Quant aux changements possibles en cas d’accès de l’opposition au pouvoir, l’auteur estime qu’au niveau de la politique étrangère, on assistera à plus d’assouplissement comme par exemple l’attitude de la Turquie à l’égard de l’adhésion de la Suède à l’Otan, l’annulation de l’achat des missiles S-400 russes et finalement une prise de nouveaux dispositifs législatifs, au niveau de la politique interne en cas de majorité parlementaire.

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