Le président tunisien, Kais Saied, semble ne reculer devant rien. Malgré les protestations interne et externe, il poursuit sa politique visant à museler l’opposition. Dernier acte dans ce processus, la condamnation lundi 15 mai 2023 du chef du parti islamiste tunisien « Ennahdha », Rached Ghannouchi, à un an de prison ferme et mille dinars (près de 4000 Dh) d’amende. Le verdict a été prononcé par un tribunal de Tunis spécialisé dans les affaires de terrorisme.
Arrêté le 17 avril dernier, pour des déclarations selon lesquelles la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile », en cas d’élimination des formations politiques issues de gauche ou de l’islam politique comme Ennahda, et accusant le président Saied d’être l’instigateur de cette politique éradicatrice, l’ancien président du parlement dissous (81 ans) a finalement été condamné pour un autre chef d’accusation à savoir l’apologie du terrorisme. Et ce suite à une plainte du syndicat des policiers. M. Ghannouchi avait qualifié dans des déclarations publiques les sécuritaires tunisiens de tyrans. Une faaire dans le cadre de laquelle le chef du mouvement islamiste avaitcomparu, sans être incarcéré, en février 2022 devant le pôle judiciaire antiterroriste.
Les démêlés de Rached Ghannouchi, aussi bien avec le pouvoir que la justice, se sont multipliés, ces deux dernières années. En juillet 2022, il avait aussi été interrogé pour des soupçons de corruption et de blanchiment d’argent liés à des transferts de fonds depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahda.
Début février, la Tunisie a connu une série d’arrestations d’hommes politiques, de figures de l’opposition, d’activistes de la société civile, de responsables de médias et de syndicalistes, suscitant une vague d’indignation de plusieurs ONG de défense des droits de l’Homme.
Ces arrestations, dénoncées au niveau local et international, ont visé des figures politiques de premier plan du Front du Salut national et sa principale composante, le parti islamiste Ennahdha.
Des organismes internationaux ont appelé, depuis la dissolution du parlement fin mars 2022, et le début des arrestations, à la libération des détenus tunisiens, prélude à la détente du climat politique et social.