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Tshisekedi à Macron: « Regardez-nous autrement, sans regard paternaliste ! « 

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Emmanuel Macron et le président congolais, Félix Tshisekedi, ont discuté des rapports entre l’Afrique et la France dans le temple de l’indépendance congolaise.

Le président français, Emmanuel Macron, actuellement en tournée en Afrique, en a pris pour son grade lors de l’étape congolaise. Il a en effet été « poliment » recadré par le président de la RDC, Félix Tshisekedi, sur le « paternalisme français », qui n’est plus toléré.

« Regardez-nous autrement, sans regard paternaliste ! « , assène le président congolais Félix Tshisekedi. « On part d’un nouveau pas ! » assure Emmanuel Macron. Les deux dirigeants ont disserté sans ménagement samedi devant la presse, à Kinshasa, sur la fin de la « Françafrique » et le nouveau « logiciel » de la France avec le continent.

« Je l’ai encouragé à ce sujet parce que j’estime que la Françafrique est dépassée », a d’abord esquissé le président de la République démocratique du Congo dans un amphithéâtre chargé d’histoire du « Palais de la Nation ».

« Si la France veut être aujourd’hui en compétition avec tous les autres partenaires de l’Afrique, elle doit se mettre au diapason de la politique africaine et de la manière dont les peuples africains regardent désormais les partenaires de coopération », a averti Félix Tshisekedi.

Alors qu’il était question des échéances électorales en RDC et la difficulté de les organiser, en raison du nombre important de déplacés congolais du fait du conflit avec le Rwanda voisin, Tshisekedi, a averti que les questions ayant trait aux élections en Afrique, sont toujours vues en Europe, et plus particulièrement en France, comme étant un « compromis à l’africaine ».

Quand il y a des irrégularités dans les élections aux Etats unis, on ne parle pas de « compromis à l’américaine » et quand en France, on avait fait voter des électeurs décédés lors de la présidentielle, personne n’a parlé de « compromis à la française », mais pour l’Afrique on se permet ce genre de réflexions, a-t-il souligné.

« Regardez-nous autrement en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires et non pas toujours avec un regard paternaliste, avec l’idée toujours de savoir ce qu’il faut pour nous », a-t-il déclaré sous les applaudissements de la presse congolaise.

« Chez nous quand il y a des malversations politiques […] il y a des procès, les gens sont condamnés. Ne croyez pas qu’il y ait un double standard », a assuré Macron, déclenchant une salve de rires dans l’assistance.

Le conflit avec le Rwanda a entrainé le déplacement massif des électeurs qui ne peuvent pas se faire enrôler parce qu’ils sont loin de leurs bases, « et à cause de ça, nous risquons de prendre du retard sur l’enrôlement, et l’ensemble du processus électoral. Et si demain nous allons aux élections dans des conditions difficiles, vous allez encore parler de compromis à l’africaine », a fait remarquer Félix-Antoine Tshisekedi.

« La façon de voir les choses lorsqu’elles se passent en Afrique doit changer dans nos rapports avec la France en particulier, mais aussi avec l’occident en général. Je crois qu’il doit y avoir du respect dans les considérations que nous avons les uns vis-à-vis des autres. Nous n’avons aucunement l’intention de galvauder l’opinion de nos électeurs. Ça doit changer dans la manière de coopérer avec la France et l’Europe, a insisté Félix-Antoine Tshisekedi.

Tentant tant bien que mal de se justifier après que le président congolais se soit fait acclamer par les journalistes présents, Emmanuel Macron a eu cette phrase: « Cette formule, on sait d’où elle est sortie. On sait le contexte électoral. Et il n’y avait pas de caractère de mépris dans la formule de Le Drian ».

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