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The New York Times : Pourquoi la Chine investit massivement dans l’industrie marocaine ?

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Dans un article publié ce mercredi 7 mai 2025 dans le journal « The New York Times » sous le titre : « Why China Is Investing So Much Money in Moroccan Factories », le quotidien américain met en lumière l’intérêt croissant de la Chine pour le Maroc, devenu en quelques années un hub industriel stratégique, notamment dans le secteur automobile.

Le journal rappelle que le président chinois Xi Jinping a effectué une escale à Casablanca en novembre dernier, après le sommet du G20 au Brésil, où il a été accueilli selon la tradition marocaine avec du lait et des dattes, et a rencontré le prince héritier Moulay Hassan. Un arrêt symbolique, qui témoigne du renforcement des relations économiques entre Pékin et Rabat.

Selon l’article, des dizaines d’entreprises chinoises, en particulier dans le domaine des batteries et des véhicules électriques, s’installent au Maroc. Le pays attire ces investissements grâce à sa position géographique stratégique, sa stabilité, ses accords de libre-échange — notamment avec l’Union européenne — et ses infrastructures développées comme le port de Tanger Med, qui est l’un des plus grands ports en Méditerranée avec une capacité de 9 millions de conteneurs par an.

Le Maroc est aujourd’hui le premier exportateur de voitures vers l’Union européenne, surpassant même des géants comme la Chine, le Japon et l’Inde. Cette performance impressionnante a été rendue possible grâce à l’implantation de grands groupes comme Renault, qui fabrique dans le pays depuis plus de 20 ans, et Stellantis, qui a élargi sa présence depuis 2019. En 2023, le Maroc a exporté plus de 350 000 véhicules vers l’UE, un chiffre record.

L’article met également en évidence l’arrivée des acteurs chinois majeurs comme Gotion High-tech, une entreprise de batteries électriques, qui prévoit de construire une « gigafactory » de 1,3 milliard de dollars dans la région de Tanger. Cette usine pourrait représenter un investissement total de 6,5 milliards de dollars, selon les autorités marocaines. En janvier, un fabricant de pièces de batteries chinois a commencé la production à Jorf Lasfar dans le cadre d’un investissement de 2 milliards de dollars.

Pour la Chine, le Maroc joue un rôle stratégique similaire à celui du Mexique pour les entreprises cherchant à contourner les lourdes taxes américaines sur les produits importés. Le gouvernement chinois voit dans le Maroc un atout majeur pour étendre son influence en Afrique et en Europe, tout en exploitant les faibles coûts de production et la proximité avec les marchés européens.

Le journal souligne que cette dynamique pourrait se heurter à des tensions géopolitiques, notamment avec les États-Unis, qui ont déjà imposé des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois, et l’Union européenne, où les droits de douane peuvent atteindre jusqu’à 45 %.

En revanche, cette situation complique l’équilibre géopolitique pour le Maroc. Bien qu’il bénéficie d’investissements massifs en infrastructures grâce à la Belt and Road Initiative de la Chine, le Royaume reste un partenaire clé des États-Unis. Le Maroc collabore avec l’OTAN et mène des exercices militaires conjoints avec les forces américaines. Par ailleurs, le pays entretient des relations étroites avec l’UE et espère acquérir des avions de chasse F-35 des États-Unis. Ainsi, tout en accueillant les investissements chinois, le Maroc doit jongler avec les attentes des puissances occidentales.

Le dossier du Sahara reste une priorité pour Rabat, et la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur cette région en 2020 a renforcé sa position. Le Maroc devra donc prendre soin de ne pas compromettre ses relations avec l’Occident tout en continuant à exploiter les opportunités économiques avec la Chine.

L’article conclut que l’administration Biden, en accordant une certaine latitude aux investissements chinois au Maroc, a permis une flexibilité stratégique. Toutefois, un retour de l’administration Trump pourrait restreindre cette liberté, obligeant ainsi le Royaume à ajuster prudemment sa stratégie vis-à-vis de ses alliés et partenaires commerciaux.

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