Suite à l’annulation de l’Aid al-Adha, les éleveurs exigent un soutien financier direct pour amortir les effets de la crise
Le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari, a récemment annoncé l’élaboration d’un programme ambitieux et intégré pour la campagne agricole 2025-2026. Ce programme vise à soutenir les éleveurs et à relancer la productivité du cheptel national, une initiative perçue par de nombreux petits agriculteurs comme un signal porteur d’espoir, dans le sillage des répercussions de l’annulation du sacrifice rituel de l’Aïd al-Adha.
Le ministre a précisé que ce dispositif ambitionne de créer les conditions favorables à la reproduction du cheptel et à un retour progressif à ses niveaux antérieurs. Il a également souligné que l’agriculture solidaire demeure un pilier central de cette vision, notamment à travers des projets d’élevage dont l’investissement est entièrement pris en charge par l’État.
Cette annonce a été accueillie positivement par plusieurs éleveurs et petits agriculteurs, qui expriment néanmoins une attente claire : bénéficier d’un soutien financier direct et concret pour alléger les charges écrasantes supportées au cours des derniers mois. À ce sujet, Mohamed El Kebiri, éleveur modeste dans la province de Larache, affirme que « tout soutien qui ne prend pas la forme de transferts monétaires par tête de bétail resterait sans effet », insistant sur le fait que nombre d’éleveurs ne disposent même pas des moyens nécessaires pour acheter les aliments pour bétail, même lorsqu’ils sont proposés à des prix subventionnés.
Selon lui, les éleveurs ont aujourd’hui besoin d’un appui financier tangible, comparable à celui dont ont bénéficié les importateurs au cours des deux dernières années. Une telle mesure inciterait les agriculteurs à conserver leur cheptel, condition indispensable à la relance durable de l’élevage.
Les professionnels du secteur s’interrogent par ailleurs sur l’absence persistante d’un appui direct dans une filière vitale pour de larges franges du monde rural. Ils rappellent que d’autres secteurs ont bénéficié, à plusieurs reprises, d’aides financières ciblées, alors que les éleveurs, eux, demeurent dans l’expectative, confrontés à un sentiment d’oubli et d’injustice.