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Sacrifier Rabat pour Alger, n’est-ce pas la plus grande erreur de la diplomatie française ?

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Dans un article publié récemment par le Figaro,  l’auteur tente d’expliquer le gel des relations entre Paris et Rabat tout en creusant dans l’histoire pour donner plus de profondeur à cette crise actuelle.

En effet  certains faits qui ont marqué l’histoire des deux pays ne peuvent pas être effacés de la mémoire ni des archives. Ils  sont toujours là pour nous rappeler cette relation profonde entre deux pays ayant entretenu des relations exceptionnelles en dépit  de cette page sombre du protectorat/colonisation et du temps de l’indépendance. Cette amitié qui a marqué ces relations jusqu’à la mort du feu le Roi Hassan II,  s’est vue dans une autre optique dès le règne du roi Mohammed VI d’une part et celle du jeune président français, qui est à son deuxième quinquennat d’une autre part.

C’est donc une nouvelle génération de leaders qui tentent de préserver la souveraineté de leurs pays respectifs et font du mieux pour protéger leurs intérêts économiques que ce soit au niveau régional, continental et international. A cet égard, l’orientation du Roi du Maroc a été autre que celle de son père qui a bel et bien veillé sur  une relation très étroite avec Paris. Une nouvelle vision  qui s’est  focalisée sur le continent africain avec toutefois une ouverture sur d’autres partenaires dont le poids est désormais plus fort que celui de la France.

Cette nouvelle politique a donc été un coup dur pour la France qui espérait garder le contrôle sur le continent africain et continuer à jouir d’une position de force que ce soit au niveau économique ou militaire. Une situation qui s’est avouée à l’échec avec les deux retraits du Mali et du Bourkina Fasso ainsi que les fluctuations des relations entre Alger et Paris malgrè la visite d’Emmanuel Macron en Algérie du 25 au 27 août dernier dans un but de renouer avec Alger et rétablir les relations entre les deux pays.

Ainsi, le but de se rapprocher plus d’Alger n’était pas que dans un seul objectif, c’est debénéficier de son gaz suite à la crise énergétique que l’invasion russe de l’Ukraine avait provoqué en Europe. Ce fut d’ailleurs le même objectif de l’Italie et de celle de la commission européenne.

Cependant, le Maroc reste un pays sollicité pour sa stabilité, sa position géostratégique et le rôle qu’il ne cesse de jouer dans la restauration de la paix dans le monde. Un partenaire qui ne cesse d’étendre ses relations sur le continent africain tant au niveau économique par des investissements dans des secteurs clé (agriculture, tourisme, communication, finance…) que sur le plan politique par son adhésion à l’OUA et à la ZLecaf.

Ce nouveau positionnement a concurrencé les intérêts de la France et donné plus de prestige au Maroc et qui a fait mieux en adoptant une politique plus fluide et plus humaine à l’égard des migrants subsahariens que plusieurs ONG internationales et présidents africains ont vivement salué.

Contrairement à la France et depuis l’an dernier, Emmanuel Macron n’a fait que prendre des mesures très ambiguës à l’égard de la Diaspora marocaine et ce par le refus des visas, les menaces de rapatriement des ressortissants marocains et surtout la position d’Emmanuel Macron vis-à-vis du Sahara marocain. Tous ces changements au niveau des orientations de la politique française à l’égard du Maroc, qu’on ne cesse de considérer d’ailleurs comme un partenaire classique et irremplaçable que ce soit pour Paris ou encore pour l’Union Européenne, ne font que creuser l’écart entre les deux pays et rendre la reprise des relations plus complexe qu’on ne puisse l’imaginer.

Toujours dans le même contexte, les dernières résolution du Conseil européen n’ont fait que mettre la France dans le collimateur étant donné son poids et le rôle qu’elle pourrait jouer pour défendre le Maroc. L’affaire de Qatargate et la question de la liberté de la presse ont projeté plus de lumière sur les visions du vieux continent et son refus d’admettre le nouveau processus de la mondialisation et du nouvel ordre dans lequel de nouvelles puissances doivent impérativement émerger et substituer celles qui ont pendant longtemps régi la politique et l’économie mondiale et dont l’Europe.

On est donc dans un tournant radical de l’histoire que certains pays ont bien compris d’ailleurs comme le cas de l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni et bien d’autres puissances qui ont privilégié leurs relations avec le Maroc.  Contrairement à la France qui mise trop sur l’Algérie et court le risque de privilégier les alliances de circonstance au détriment de sa crédibilité dans la région. Il importe qu’Emmanuel Macron ne soit pas tenté de sacrifier Rabat pour Alger.

Les relations entre la France et le Maroc ont certes connu des hauts et des bas, et l’on se rappellera le refroidissement des relations entre les deux pays au début du mandat de François Hollande. Pour autant, Rabat a beaucoup d’atouts à faire valoir, dont d’autres puissances que la France ont plus nettement conscience: sa stabilité politique, la diversification et le dynamisme d’une économie où le secteur tertiaire joue déjà un grand rôle, ainsi que la reconnaissance diplomatique dont jouit le royaume. À force de vouloir trop miser sur l’Algérie, la France court le risque de privilégier les alliances de circonstance au détriment de sa crédibilité dans la région. Il importe donc qu’Emmanuel Macron, dans sa course à la réconciliation mémorielle et à la sécurisation énergétique, ne soit pas tenté de sacrifier Rabat pour Alger.

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